La finance de l’ombre a encore enflé au niveau mondial !!

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Par Charles Sannat Publié le 12 mai 2017 à 9h51
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cc/pixabay - © Economie Matin
92000 MILLIARDS $Le shadow banking pèse 92 000 milliards de dollars au niveau mondial.

C’est l’histoire de la petite bête qui monte, qui monte, qui monte et qui finit par faire rire les enfants… Sauf que quand on applique ce principe au monde des adultes et en particulier à celui de la « finance de l’ombre » que l’on appelle le « shadow banking » chez nos amis anglo-saxons, cela fait nettement moins rigoler tant les dangers sont immenses.

Alors encore une fois, ce n’est pas du « pessimisme » de comptoir, ni un article issu de petits blogs d’amateur, non, je viens vous parler uniquement de sources dites sérieuses, et en l’espèce nous parlons de La Tribune qui nous apprend donc le plus officiellement du monde, contrairement à tous les communiqués de victoire qui vous entonnent que tout va mieux, que la finance de l’ombre ou le « shadow banking » au sens strict a augmenté de 3,2 % à 34 000 milliards en 2015, auquel il faut ajouter les autres intermédiaires financiers (OFI), par exemple les fonds de capital-risque ou de capital-développement, les entreprises de leasing et les captives. Ce graphique permet de comparer aux acteurs financiers non-bancaires (MUNFI, c’est-à-dire assurances, fonds de pension, soit 149 000 milliards de dollars) et à l’ensemble des actifs financiers (321 000 milliards).

Nous avons donc le G20 qui se réunit pour décider d’à peu près rien ou pas grand-chose.

Nous avons le Conseil de Stabilité Financière (FSB pour l’acronyme anglais), qui surveille et constate que rien de bouge ou presque… Or le dernier rapport du FSB, publié ce mercredi, qui dresse un bilan de cette « finance de l’ombre » dans 28 pays nous montre qu’elle a continué de croître. Inexorablement.

C’est quoi exactement la finance de l’ombre ?

Voici ci-dessous la définition officielle de la finance de l’ombre, et ne raccrochez pas tout de suite, je vous donne la traduction en langage compréhensible juste après !

« La finance de l’ombre ou shadow banking, finance fantôme ou encore système bancaire parallèle 2, désigne l’ensemble des activités et des acteurs contribuant au financement non bancaire de l’économie. L’expression «finance de l’ombre» concerne l’analyse macroéconomique du phénomène microéconomique connu sous l’expression de hors bilan »…

Bon « kézako » en clair ? Simple, une banque enregistre comptablement ses opérations dans un document appelé compte de résultat et bilan.

Mais il y a des opérations qui ne donnent pas lieu à une comptabilisation connue et vue par tous. On appelle cela le « hors bilan ». Dans le « hors bilan », on ne met pas tout ce que l’on souhaite, on y range ce qui ne donne pas lieu par exemple à un flux financier.

D’accord me direz-vous, mais quoi par exemple ?

Eh bien si vous vous portez caution pour quelqu’un de votre famille pour le paiement de son loyer, vous êtes bien d’accord avec moi sur le fait que tant qu’il paye son loyer, cela ne vous coûtera pas un sou. Pourtant, vous êtes bien engagé à verser théoriquement une somme en cas de survenance d’un aléa.

Eh bien pour les banques c’est exactement la même chose, sauf que c’est en plus grave et nettement plus colossal au niveau de l’échelle de la pratique.

Dans le hors bilan, vous pouvez donc trouver une partie de ce que l’on appelle les CDS (Credit Default Swap) qui sont des contrats où un investisseur va parier sur un événement, comme par exemple la faillite de la Grèce ou de la France, et va payer une prime pour ce pari. Si l’aléa survient, alors la banque doit vous payer la somme convenue au départ.

La banque encaisse une prime tout de suite (comptabilisée dans le compte de résultat et le bilan) mais tant qu’elle ne paye pas le risque qui ne se matérialise pas, ses engagements seront mis discrètement dans le « hors bilan », et tous ces engagements potentiels et théoriques vont venir faire grossir cette finance de l’ombre.

Pourquoi c’est grave ?

Parce que plus personne ne sait qui doit combien à qui, quand, et pour quelle raison, du coup, c’est un grand et un immense n’importe quoi global.

Comme tout le monde peut parier en gros sur tout et n’importe quoi, au moindre événement un peu important, ce sera un nouvel épisode de panique auquel nous assisterons comme au moment de la crise des subprimes.

Enfin, les sommes sont telles, 92 000 milliards de dollars fin 2015 pour le dernier pointage, que le moindre pépin peut venir gripper toute la machine financière et économique mondiale.

Et on ne fait rien ?

Eh bien non, on ne fait rien ! Pourquoi ? Parce que l’on a ouvert la boite de Pandore et que plus personne ne sait comment faire re-rentrer le monstre dans sa boîte.

En fait, ce que je viens de dire n’est pas assez précis. On sait ce qu’il faudrait faire, mais on ne sait pas le faire sans déclencher une crise monumentale dont on ne sait pas combien de temps il nous faudrait pour nous en remettre.

On ne sait pas le faire de façon indolore.

Alors on ne fait rien, on tourne autour du pot, on tergiverse, on crée des machins et autres bidules, mais cela ne change pas grand-chose et finalement, la finance de l’ombre étend chaque année un peu plus son ombre tentaculaire sur le monde.

À force de vivre à l’ombre, nous finirons tous dans les ténèbres.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Article par Charles Sannat pour Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.