Madame la Présidente,
Aujourd’hui, les chefs d'entreprise regardent un match de tennis ; revers et coups droits se succèdent avec les versions des différents rapports économiques qui surgissent régulièrement depuis de nombreuses semaines. Ils écoutent les débats, parfois surréalistes, lisent dans la presse avec intérêt les pseudos motifs de réjouissances qui devraient être les leurs, et prennent connaissance des grandes promesses qui devraient les rendre compétitifs... Le temps que tout cela soit voté, mis en place et traduit en langage normal et à condition que cela corresponde un minimum à ce qu'ils demandent, ils peuvent envisager d’être optimistes dans deux ans. On annonce des "ballons d'oxygène" et on promet des recouvrements de créances accélérés… en 2017.
Il nous faudrait nous extasier sur les bienfaits du crédit d'impôt, traduction simultanée de ce qui devait être la baisse du coût du travail évoquée dans le rapport Gallois (c'est la même chose paraît-il !). Logiquement certains ne devraient jamais en bénéficier si leur entreprise ne fait pas de bénéfices puisqu'elle ne va pas bien… mais si ! Nous n'avions rien compris : on leur donnerait quand même un chèque « sous conditions », lesquelles ? On verra… Faire un budget équilibré sur le principe d'un crédit d'impôt, ce n'est pas à la portée de n'importe quel polytechnicien, il faut qu'il ait aussi fait l'ENA.
Ce qui est important c'est le tournant, l'inflexion, l'accompagnement, le choc. En attendant, c'est la période des budgets 2013 et les chefs d'entreprises doivent prévoir et calculer avec la précision de l'épicier, comment faire ? Ignorants et inconscients des propositions de l'Etat qui les attend... au tournant.
Ne pas comprendre ces va-et-vient, ces décrets, ces refontes, ces changements de taux, ces hausses de prélèvements, ces baisses de... baisses de quoi déjà ? laissent un profond sentiment d'amertume et de désarroi, celui d'être dépassé et sans repères. Nos actionnaires, nos banquiers, nos investisseurs, tous ces coupables désignés veulent des prévisions de croissance, d'investissements, un chiffre d'affaires prévisionnel, un bénéfice escompté etc. alors dans le doute on s'abstient, on cale tout au minimum, on gèle les recrutements, on remet les projets à plus tard.
Pour la confiance, deux facteurs oubliés sont essentiels : la notion de temps fondamentale pour nous et inhérente à une réforme de l’administration, et la problématique de la simplification ainsi que celle de la stabilité. Quant aux fameuses négociations « des partenaires sociaux », elles ne nous rassurent pas. Qu’apporteront-elles de fondamentalement différent avec les mêmes acteurs ? Si elles n’aboutissent pas, la loi s’imposera mais quelle loi ?
Alors, Madame la Présidente, nous n'avons ni la possibilité ni le loisir d'expliquer très concrètement ce qui nous étouffe au quotidien et ce qui est bon et nécessaire pour nos entreprises. Nous avons donc voulu vous faire écouter des témoignages concrets de ces belles entreprises que nous aimons. L’idéologie est devenue telle qu’une certaine opinion publique estime que nous écouter avec bon sens et confiance c'est "faire des cadeaux aux patrons" ou « céder au patronat ». Notre pays n'a plus confiance en nous. Nous n'avons plus confiance en lui. Nous aiderez-vous à franchir ce fossé ?
Scoop ! Les chefs d'entreprise du Mouvement ETHIC avec Parrainer la Croissance et Pluribclub recevront Ségolène Royal à la Maison de la Chimie, demain, mercredi 21 novembre à 8h30... dernières inscriptions réservées aux lecteurs d'Economie Matin jusqu'à 20h sur [email protected]