Trou de la Sécu : La justice, c’est maintenant ! (2/2)

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 17 juillet 2012 à 10h26

Première partie : Trou de la sécu, la justice c'est maintenant ! (1/2)

Le tabagisme, et les soins que nécessitent les 60 000 victimes (in)directes du tabac tous les ans, coûte 17 milliards d’euros à la collectivité, déduction faite des cotisations spéciales prélevées sur chaque paquet de cigarettes. Cotisations évidemment donc insuffisantes, puisqu’elles ne compensent pas le coût du tabagisme pour la collectivité. Les non fumeurs payent pour ceux qui s’empoisonnent. Injuste.

De même, l’alcoolisme, tue (in)directement 45 000 de nos concitoyens tous les ans, pour un coût évalué à 15 milliards d’euros. La encore, l’Etat, hypocrite, prélève sur chaque bouteille d’alcool vendue des taxes qui vont alimenter les caisses de la Sécu. Mais ces taxes sont injustes, car trop faibles.

Et maintenant le diesel, affirme l’OMS (Organisation mondiale de la santé), tue (cette fois totalement indirectement) 42 000 personnes, et pas spécialement ceux qui roulent au diesel, injustice ultime ! Pourtant le diesel est anormalement moins cher à la pompe que les autres carburants, anomalie typiquement française.

Comment donc, à la lecture de ces chiffres irréfutables, rétablir la Justice et du même coup l’équilibre de la Sécurité Sociale ? Impossible de taxer plus encore à la source cigarettes, alcools et même voitures diesel. Les moyens de contourner le fisc et la loi sont trop nombreux. Cigarettes et alcools de contrebande inonderaient le marché, et le fuel domestique s’inviterait de plus en plus dans les moteurs diesel, du moins à la campagne.

Non, le moyen le plus sur et le plus juste de taxer les comportements à risque est d’instaurer un régime déclaratif, exactement comme pour les mutuelles et les assurances. Qui n’a pas en effet été surpris de se voir facturer une surprime par sa banque pour un crédit immobilier, au seul prétexte qu’il fumait ? Mesure pourtant parfaitement légale… et juste. De même, certaines mutuelles commencent déjà à proposer une réduction aux non-fumeurs, ce qui revient à taxer les fumeurs. Déclaratif, donc responsabilisant. Et en même temps, délicat à contourner : La première cyrose agira comme un signal, la bronchite chronique comme une révélation.

J’admets que la chose sera plus délicate pour ceux qui forcent un peu (beaucoup) sur la bouteille. Cependant, à raison de 5 millions de Français suivis tous les ans pour ce genre de problème, s’ils cotisaient ne serait ce que 20 euros de plus tous les mois, c’est plus d’un milliard d’euros de recettes supplémentaires pour la Sécu, collectées... Justement. Et peut-être cette « taxe », dument identifiée, aurait pour certains un effet pédagogique. Je n'ose dire, curatif. (Que l’on me fasse grâce en commentaires des clichés sur les SDF ou les chômeurs ivrognes. L’alcoolisme est aveugle, et frappe toutes les couches de la Société).

Enfin, les assureurs tout comme l’Etat savent parfaitement quelles voitures roulent au diesel. Imposer un malus écologique annuel aux voitures diesel (60 % du parc français) serait une mesure hautement impopulaire, mais… totalement Juste ! Juste pour les autres automobilistes (40 %) qui roulent à l'essence, et payent anormalement leur carburant plus cher. Juste pour les victimes des méfaits du diesel, dont la prise en charge serait un peu mieux financée par ceux qui les empoisonnent. Pollueurs = payeurs.

Voilà, Monsieur le Président, trois mesures simples techniquement à mettre en œuvre, éminemment justes comme nous venons de le démontrer, et auxquelles tout un chacun pourra échapper du jour au lendemain en changeant de comportement !

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).