S’il est un leitmotiv sur lequel il est tentant de prendre au mot le président candidat, c’est bien celui de la Justice pour tous. Face au mur de la dette et de la dépense publique qui détermine de facto désormais 99,9 % des décisions politiques pour les dix années à venir, Saint Hollande tente de faire durer l’état de grâce en se parant des vertus du Juste, sans avoir besoin pour cela de s’asseoir sous un chêne..
Justice, Justice Justice ! La réduction à 100 000 euros de l’abattement des droits de succession est juste car redistributrice… sauf pour ceux qui la subiront et la trouveront encore plus confiscatoire. Juste aussi la taxation à 75 % des revenus dépassant 1 million d’euros par an, pour les mêmes raisons ; Juste encore la taxation des loyers perçus par les étrangers comme par les Français sur leurs biens situés en France. La Justice est une question de point de vue : pourvu que les décisions prises obtiennent l’assentiment d’une majorité, elles paraitront… justes au plus grand nombre.
Pourtant, il est une mesure dont l’application serait plus que toutes les autres encore profondément juste, mais risquerait pourtant de lever des marées d’intérêts particuliers contre elle, criant de fait à l’injustice.
Notre régime de Sécurité Sociale est durablement et structurellement déficitaire. Lorsque ses pertes sont limitées à 18,6 milliards d’euros par an (chifffre 2011), on s’en félicite. C'est mieux que prévu (20 milliards) Congratulations. L’objectif du retour à l’équilibre est toujours repoussé aux calendes grecques (sans lien avec la situation dramatique de la Grèce, encore que par contrecoup, la facture de la tragédie grecque pèse aussi sur nos finances publiques). Et je n’ai jamais lu nulle part quiconque évoquer l’hypothèse audacieuse d’un excédent, qui permettrait pourtant de rembourser la fameuse dette sociale sans continuer à recourir à l’impôt. Pour ceux qui auraient oublié à quoi sert la CRDS (contribution au remboursement de la dette sociale), oublié aussi qu’elle devait être provisoire et s’est finalement incrustée dans le paysage fiscal français.
Pour sauver la Sécu, la mesure éminemment juste serait d’imposer une cotisation proportionnelle aux risques pris ou provoqués par l’assuré social. De quels risques parlons nous ? De ceux qui coûtent chaque année plusieurs dizaines de milliards d’euros à la collectivité. Des chiffres incontestables, mais à côté desquels les politiques passent, jusqu’ici, faisant mine de ne pas les voir.
La deuxième partie : Trou de la Sécu, la justice, c’est maintenant ! (2/2)