Dépister les troubles visuels pour assurer le bien être à l’école

Alix De Nicolay Paysage (1)
Par Alix de Nicolay Publié le 1 août 2022 à 6h34
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37%En France, 20,48% des enfants de 0 à 18 ans et 37% des adultes sont myopes.

Alors que l’on sait que 80% des apprentissages passent par la vue, peu d’études d’ampleur ont été menées pour étudier le lien direct entre les troubles de la vue et le bien être à l’école. Si la prévalence des troubles visuels chez les enfants est bien connue (25% des élèves de primaire selon l’Asnav), on manque encore de moyens dans le cadre scolaire pour organiser des dépistages systématiques et assurer un suivi des élèves après leur diagnostic.

Pourtant, les quelques études qui se sont penchées sur ce problème révèlent des conclusions alarmantes : la mauvaise vision multiplierait par 3 le risque de redoubler une classe, et un tiers des échecs scolaires en primaire seraient liés à des troubles de la vue. Et ce lien semble évident : difficultés de concentration, maux de tête, fatigue visuelle, confusion des lettres ressemblantes... Sont autant de symptômes qui révèlent un trouble de la vue, et qui ne peuvent que compliquer l’apprentissage.

Décrochage et échec scolaires à risques

Ainsi, pour de nombreux enfants, c’est à l’école que leurs problèmes de vue les mettront en échec et commenceront à poser des problèmes, car leur système visuel y sera beaucoup plus sollicité. L’apprentissage de la lecture notamment, qui constitue un socle essentiel pour réussir sa scolarité, nécessite d’être en mesure de bien identifier les lettres, de pouvoir recopier ce qui est au tableau, et de distinguer ce qui est écrit sur le cahier ; ce qui ne sera pas facile d’accès à un enfant qui souffre d’un défaut de la vision.

De plus, l’enfant lui-même n’est pas toujours en mesure de comprendre qu’il ne voit pas bien, et ne peut pas identifier l’origine de ses difficultés. Cette incompréhension pourra être source de frustrations, et mener à un découragement scolaire.

C’est ainsi que de nombreux témoignages révèlent des changements immédiats chez des élèves en difficultés dont le trouble visuel a été repéré et pris en charge : « Une petite élève de CP, plutôt discrète et timide au fond de la classe, a été transformée par le port de lunettes, c’est devenu une autre élève. » a témoigné une Professeure des Ecoles de l’établissement Elsa Triolet de Nanterre, dont les élèves ont été dépistés dans le cadre du programme Plan Vue (voir encadré).

Le plus tôt sera le mieux

Plus le trouble visuel sera détecté tôt, moins l’apprentissage sera impacté. Et un retard pris en début de scolarité sera plus difficile à rattraper si l’enfant n’est pas équipé dès l’apparition de son trouble visuel. S’ajoute à cela le fait que certains troubles, comme le strabisme (défaut de convergence qui se traduit par la déviation d’un œil), l’amblyopie (différence importante d’acuité visuelle entre les deux yeux) ou l’hypermétropie modérée, deviennent irréversibles s’ils ne sont pas dépistés et pris en charge avant l’âge de 6 ans ; alors qu’à l’inverse, ils peuvent être complètement rectifiés.

Comment s’assurer que mon enfant voit bien ?

En premier lieu, il faut être attentif aux signes. On peut soupçonner un strabisme ou une amblyopie lorsque l’enfant est particulièrement maladroit, qu’il a un œil qui semble loucher, ou qu’il tourne anormalement la tête. Quant aux troubles de la réfraction (hypermétropie, astigmatisme et myopie), ils peuvent se manifester, entre autres, par des clignements ou plissements excessifs des yeux, des maux de tête, une sensibilité à la lumière, etc.

Mais les enfants ont des capacités d’adaptation importantes, et un trouble de la vision peut passer totalement inaperçu. Dès l’âge de 2 ans, il faut être attentif à la santé visuelle de l’enfant et ne pas hésiter à en discuter avec le médecin lors des visites médicales. Il est recommandé d’emmener l’enfant chez l’ophtalmologiste dès la maternelle, et avant l’arrivée en CP, et de mettre en place des visites régulières par la suite.

Enfin, pour préserver la santé visuelle d’un enfant, il ne faut pas faire l’impasse sur la prévention. Alors, il faut inciter son enfant à jouer dehors car la lumière naturelle freine la myopie, protéger ses yeux en limitant le temps d’écran et en l’équipant en lunettes de soleil, ou encore s’assurer qu’il porte bien ses lunettes lorsqu’il en a besoin !

ENCADRE PLANVUE

Le programme PlanVue, développé depuis 2018 en France, par l’association humanitaire Helen Keller Europe, assure la sensibilisation, le dépistage, l’accompagnement vers le soin et l’équipement en lunettes sans reste à charge pour les familles d’élèves de 6 à 15 ans dans 20 établissements scolaires de Nanterre.

Ce sont plus de 4 200 enfants qui ont été dépistés, et 36% d’entre eux ont été orientés vers un ophtalmologiste pour un examen approfondi de la vue, soit plus d’un enfant sur trois ! Plus de 80% d’entre eux ont dû être équipés de lunettes ou orientés vers des soins complémentaires. Ces chiffres démontrent l’ampleur du problème qui devient un sujet de santé publique.

Plan Vue va se développer dans les mois à venir dans d’autres territoires d’Ile-de-France.

Alix De Nicolay Paysage (1)

Directrice Générale d’Helen Keller Europe

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