Implémenter une stratégie digitale dans les secteurs de la santé et de l’aide sociale

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Par Charles Cao Modifié le 29 août 2022 à 9h08
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@shutter - © Economie Matin
234 MILLIARDS $Le marché mondial de la santé numérique est estimé à 234 milliards de dollars à l'horizon 2030

Le 28 avril 2022, l’Agence du numérique en Santé (ANS) annonçait l’ouverture de sa plateforme de demande de financement aux éditeurs ou fournisseurs de solutions logicielles référencées des couloirs « Officine » et « Médico-social ». Cette annonce s’inscrit dans le cadre du programme de financement de la numérisation des établissements de santé, et plus particulièrement dans le volet portant sur l’équipement logiciel, le SONS (Système ouvert et non sélectif).

Structuré en différents « couloirs » selon les secteurs d’activité, ce dernier vise à favoriser un mécanisme d’achat conforme aux enjeux nationaux par les établissements de santé, en leur proposant une liste de solutions référencées et un système de financement dédié. L’occasion de revenir sur l’importance d’une stratégie numérique basée sur la conformité et l’interopérabilité des systèmes pour favoriser une expérience et un accompagnement de qualité, à chaque étape du parcours de soin.

Une nouvelle étape dans le déploiement du Ségur du numérique en santé

A travers sa stratégie digitale, lancée en juillet 2021, le Ministère des Solidarités et de la Santé ambitionne de « généraliser sur tout le territoire le partage sécurisé des données, entre professionnels et patients, grâce à une harmonisation et une optimisation des outils numériques utilisés aujourd’hui par ceux-ci, afin d’améliorer ensemble le parcours de soin et la prise en charge de tous. » L’objectif, à terme, est d’« accélérer de façon significative la feuille de route du numérique en santé, en passant de 10 millions à 250 millions de documents médicaux échangés d’ici 2023 pour mieux prévenir et mieux soigner. »

Pour cela, une enveloppe de 2 milliards d’euros est consacrée aux professionnels de santé et aux éditeurs de logiciels de santé, dont 1,4 milliard alloués pour le partage des données de santé et 600 millions dédiés au secteur médico-social. L’enjeu : soutenir le développement « massif et cohérent » du numérique en santé, en permettant aux professionnels de s’équiper de logiciels compatibles avec Mon Espace Santé. Déployé depuis décembre 2021, le « carnet de santé numérique » a accéléré sa progression en mars, d’après la dernière mise à jour des chiffres publiés par le ministère au mois d’avril. Une évolution qui demeure en revanche loin des objectifs de 5 documents par habitant sur le territoire par an. À date, la moitié (50 %) des documents envoyés sur la plateforme l’était par des hôpitaux, les attestations de dépistage covid arrivant en tête.

Véritable coffre-fort numérique accessible à tous les citoyens, Mon Espace Santé permet à chacun de stocker en ligne, de consulter et de partager ses documents médicaux avec les professionnels de santé, en toute sécurité. Il succède au Dossier Médical Partagé (DMP), lancé en 2018, dont l’abandon ponctue près de 18 ans de tentatives et d’échecs du passage au numérique en matière de santé. Co-construit avec tous les acteurs de l’écosystème (professionnels de santé, fournisseurs de soutions logicielles, patients et pouvoirs publics), ce nouvel outil cristallise plus que jamais les attentes des pouvoirs publics, dans un contexte de crise sanitaire qui a vu les usages numériques exploser.

Les avantages de la dématérialisation

Les documents sont les éléments fondamentaux de toute organisation. Or toute intervention manuelle, depuis leur création jusqu’à leur modification et à leur suivi, impacte considérablement l’efficacité des équipes. Les professionnels de santé, soumis à de lourdes contraintes administratives, ont besoin de solutions qui leur permettent de consacrer plus de temps à leur patient, et moins à la paperasse ou à la maîtrise des outils informatiques. Un système basé sur des outils interopérables et sécurisés, leur permettra de disposer d’une vision globale, d’apporter une réponse de soin pertinente et de rassurer les usagers quant à la confidentialité de leurs données de santé.

Le déploiement de Mon Espace Santé et la suppression des documents papier dynamiseront sans aucun doute les efforts de transformation digitale des pouvoirs publics et joueront un rôle essentiel dans la concrétisation des objectifs du gouvernement pour le secteur social et médico-social, mais la tâche est loin d’être aisée.

La prochaine phase de la transformation digitale

Si la transformation digitale offre de nombreux avantages, elle n’est pas pour autant facile à définir, à planifier ou à exécuter. Le problème réside dans la manière dont les organisations envisagent la transformation digitale en premier lieu. De nombreux dirigeants n’ont tout simplement pas une idée précise des résultats qu’elle peut - et doit – produire, privilégiant souvent la technologie au détriment de la stratégie.

La stratégie numérique du gouvernement est essentiellement axée sur l’interopérabilité des systèmes informatiques, dans le but d’améliorer la visibilité et le partage des données, afin que les informations médicales puissent être consultées par le patient lui-même ainsi que par les différents professionnels et organismes de santé concernés, en temps réel. L’urgence est donc aujourd’hui à l’appréhension des couches de données - en unifiant les registres, en simplifiant le cycle des données et en harmonisant les systèmes, pour veiller à ce que toutes les données soient accessibles, exploitables et vérifiables, tout en garantissant leur sécurité.

Il faut ensuite s’assurer que tous les documents sont gérés de manière centralisée et que les données circulent sans difficulté entre les départements ou les différentes structures. Tout processus doit en effet être profitable à l’ensemble de l’organisation, et pas seulement à une équipe ou à un service en particulier. Ce n’est qu’alors qu’il sera possible d’envisager la possibilité de procéder à une intégration plus poussée entre les systèmes, par le biais par exemple d’un logiciel de gestion des ressources (ERP) ou par l’introduction d’un certain niveau d’automatisation.

En repensant leur modèle opérationnel, en évaluant sa pertinence et en supprimant les éventuels obstacles tout au long du parcours de soin, les acteurs de la santé auront une meilleure compréhension des modalités du changement, une meilleure visibilité de la manière dont il doit s’opérer, et pourront identifier la prochaine étape de leur parcours de transformation digitale. Alors seulement, ils seront en mesure d’envisager d’adopter l’intelligence artificielle (IA) ou l’automatisation des processus (RPA), pour alléger la charge de travail de leur personnel.

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Directeur des Opérations et de la stratégie chez Conga