Salaires : Carlos Ghosn et Renault à nouveau dans la tourmente ?

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 14 juin 2017 à 6h02
Carlos Ghosn Nissan Renault 1
cc/pixabay - © Economie Matin
4,3 MILLIARDS €Renault aurait réalisé 4,3 milliads d'euros d'économies grâce à son alliance en 2016.

L’alliance Renault-Nissan se porte bien, même plus que bien. Le constructeur français a connu une année 2016 en pleine croissance, portée par la reprise du marché automobile, et a vendu plus de 10 millions de véhicules, entrant dans le club très fermé des constructeurs ayant dépassé ce cap. Volkswagen ou encore Toyota en font partie. Mais, malgré ça, il pourrait y avoir un nouveau scandale dans l’air pour son patron.

Carlos Ghosn : un salaire qui fait déjà débat

Encore une fois, c’est le salaire du patron de l’alliance Renault-Nissan (à laquelle s’est ajoutée Mitsubishi) qui risque de faire polémique lors de l’Assemblée Générale qui se tiendra le jeudi 15 juin 2017. Une Assemblée Générale dans laquelle la loi Sapin 2, qui permet aux actionnaires de mettre un veto sur les propositions de salaire des patrons, va probablement être utilisée.

Carlos Ghosn avait déjà fait scandale plusieurs années de suite grâce à ses salaires de plusieurs millions d’euros versés malgré des fermetures d’usines et des résultats peu encourageants pour le groupe qui ont fait craindre le pire pour le constructeur français. Cette période est passée, mais les syndicats et les salariés s’en souviennent encore.

Un montage pour verser des millions aux cadres dirigeants ?

C’est un document publié par Reuters début juin 2017 qui a provoqué un début de scandale. Un document qui décrit un possible montage permettant à Renault-Nissan de verser des millions à ses dirigeants. En fait, Renault-Nissan verserait 8 % des synergies liées à la fusion entre les groupes Renault, Nissan et Mitsubishi à une fondation de droit néerlandaise. Des synergies qui, pour l’année 2016 selon le cabinet Aldea, ont été de 4,3 milliards d’euros et qui pourraient atteindre 5,5 milliards en 2017.

En 2017, toujours selon la calcule d’Aldea, l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi pourrait donc verser à cette fondation la coquette somme de 100 millions d’euros. Or, selon la note de Reuters, près de 33 % de cette somme reviendrait aux plus hauts dirigeants de l’alliance, dont Carlos Ghosn.

Le constructeur nie, les syndicats s’inquiètent, la loi est contournée

Les révélations de Reuters n’ont pas manqué de faire réagir les représentants syndicaux qui ont déjà annoncé leur opposition à ce montage. Lors de l’Assemblée Générale du 15 juin, il y a fort à parier que le dossier sera source de tensions.

Chez Renault, tout est nié en bloc : il n’y aurait pas de montage de ce type qui permettrait de rémunérer plus largement les principaux patrons de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.

Mais, surtout, c’est au niveau du gouvernement que ce montage risque de faire des remous. Si les équipes d’Edouard Philippe n’ont pas commenté l’information, le montage, s’il existe, vise clairement à contourner la loi Sapin 2 : les actionnaires tout comme l’État ne peuvent pas s’opposer aux décisions d’une fondation basée aux Pays-Bas.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio