La RSE, c’est penser long terme. « La RSE est moins une question technique qu’une question de mindset, en intégrant les évolutions possibles de notre environnement dans la prise de décision, constate Agnès Rambaud-Paquin, présidente du cabinet Des Enjeux & Des Hommes. C’est aussi penser global : économique, environnemental, social et sociétal. C’est enfin penser partenarial, en interaction avec les parties prenantes. » Partenarial signifie que nous sommes vraiment tous connectés. Qui pourrait dire le contraire en ce début de XXIe siècle ?
Cette question de gouvernance et de long terme, les sociétés familiales se la sont posée depuis toujours. Mais aujourd’hui, nous allons au-delà de la pérennité de la seule entité « entreprise », nous sommes à l’échelle de la société humaine. « Quand on travaille pour une entreprise familiale, on ne raisonne pas en fonction du trimestre d’après, mais en fonction de la génération d’après, compare David Garbous, le directeur du marketing stratégique de Fleury Michon. La seule question qui se pose est alors : comment pérenniser le business pour que mon fils reprenne l’entreprise un jour s’il le souhaite ? Quand on change cette notion du temps, cela change tout dans les choix stratégiques que l’on fait. » Il s’agit maintenant pour l’entreprise d’inscrire la RSE au cœur de son business model, de chercher à minimiser ses impacts négatifs, de devenir contributive pour l’ensemble de ses parties prenantes, actionnaire inclus. Et donc d’utiliser la RSE comme levier d’innovation et de réconciliation entre l’entreprise et ses parties prenantes.
J’entends beaucoup que la RSE et le développement durable doivent être ancrés à un niveau stratégique dans l’entreprise, pour que cela fonctionne et entraîne chaque structure vers le haut. C’est vrai, mais cela ne suffit pas. Prenons l’exemple de Sandrine Sommer, directrice du développement durable et de la RSE chez Guerlain. Sandrine occupe une fonction transversale, elle agit sur l’opérationnel à court terme et en stratégique à long terme.
Sandrine a en tête une feuille de route à dix ans pour Guerlain. Pourtant une grande partie de ses prérogatives consiste au jour le jour à sensibiliser, communiquer, informer, former en interne comme à l’externe. Il n’y pas, à mon sens, de stratégie de développement durable efficace sans un ancrage opérationnel dans tous les métiers. J’entends également d’autres acteurs du secteur dire que l’existence même des directeurs du développement durable est un échec en soi. Je crois qu’il est encore trop tôt pour remettre en cause l’existence même des département RSE et développement durable dans les entreprises.
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Les 60 millions de consommateurs français, que nous sommes, semblent avoir intégré de plus en plus un mode d’alimentation plus bio. Nous avons largement dépassé l’effet de mode du début des années 2010. « Le marché du bio explose, avec une augmentation de 20% rien qu’en 2017, se félicite Karine Viel, directrice du développement durable chez Monoprix. Et des nouveaux sujets – totalement inexistants il y a cinq ans – apparaissent comme par exemple le souci du bien-être animal. Quand je suis arrivée dans cette entreprise et que je parlais de ces sujets, mes interlocuteurs me rétorquaient que c’était anecdotique et que cela ne préoccupait qu’une niche de 1% de clients végétariens. Aujourd’hui, les gens sont plus sensibilisés, ils ont vu des reportages sur les abattoirs, ils consomment moins de viande…
Nous, professionnels de la grande distribution, nous devons comprendre et nous adapter aux nouvelles préoccupations et attentes des consommateurs. En étant en première ligne pour observer ces tendances, il est plus facile pour nous de convaincre nos fournisseurs de faire évoluer l’offre de leurs produits. » Il n’y a plus de doute: le développement durable s’est imposé comme un vecteur de business.
Ceci est un extrait du livre « Comment faire carrière dans les métiers de la RSE et du développement durable? » écrit par Caroline Renoux paru aux Éditions VA Press (ISBN-13 : 979-1093240671). Prix : 20 euros.
Reproduit ici grâce à l'aimable autorisation de l'auteur et des Éditions VA Press.