En février 2012, Gérard Dalongeville, membre du PS de la fédération du Pas-de-Calais, publie Rose Mafia. Dans cet ouvrage, il développe les déclarations faites à la juge d’instruction, dénonce des pratiques généralisées de clientélisme dans le Pas-de-Calais, maintient ses accusations de financement politique, cite des cas de détournements de fonds publics pour des profits personnels, évoque le fréquent usage d’emplois fictifs et décrit les relations incestueuses entre représentants politiques et chefs d’entreprises.
Ses principaux accusés : Le député-maire de Liévin Jean-Pierre Kucheida, le président de la Région Daniel Percheron et l’ancien maire de Béthune Jacques Mellick. Dans le bassin minier, la polémique enfle. Dès la sortie du livre, des responsables politiques traitent l’ancien maire d’Hénin-Beaumont d’affabulateur, plusieurs plaintes en diffamation sont déposées.
La Fédération socialiste du Pas-de-Calais conteste énergiquement tout financement illégal : "J’assure sur l’honneur que le fonctionnement de la fédé est entièrement transparent, affirme la première secrétaire fédérale Catherine Génisson. Nous disposons de trois sources de financements que sont les cotisations des militants et des élus et les subventions de notre parti au niveau national." (Nord Éclair 8 mars 2012).
Dans Rose Mafia, Gérard Dalongeville a porté des accusations d’une grande gravité.
L’objectif de ce second ouvrage était de confirmer ou d’infirmer ses propos à travers une enquête journalistique. Ne pas se contenter de ses aveux mais les étayer ou les réfuter en s’appuyant sur des preuves matérielles ou des témoignages. Notamment en confrontant ses dires à ceux qu’il accuse, quand cela a été possible. Dans un climat de suspicion tendu et dans une sphère où les irrégularités sont conclues sous le sceau du secret, la chose n’est pas aisée.
Pour ce livre, Gérard Dalongeville a accepté de dévoiler des documents qu’il avait conservés et de donner des précisions sur certaines de ses accusations. Des protagonistes de l’affaire d’Hénin-Beaumont, des chefs d’entreprises et des responsables politiques du Pas-de-Calais ont témoigné, certains réclamant cependant l’anonymat. Mais beaucoup de portes se sont fermées. Parfois pour des raisons entièrement compréhensibles, parfois beaucoup moins.
Une précision : ce livre n’est pas un exercice de réhabilitation de Gérard Dalongeville. S’il n’est pas un ouvrage « à charge », il n’élude pas les imputations portées contre lui. L’ancien maire d’Hénin-Beaumont a reconnu avoir été un acteur du système et avoir, de ce fait, trahis ses administrés. Dans le procès à venir, où il siégera en tant qu’accusé, la justice indiquera son degré d’implication.
Mais ce que Gérard Dalongeville refuse, c’est de "porter seul le chapeau", comme on dit. Il affirme que le système dont il fut l’un des rouages à Hénin existait bien avant son entrée en politique et perdurera longtemps après lui si la justice ou la direction nationale du Parti socialiste n’y mettent pas fin. Il affirme aussi que ce système d’arrangements entre élus et chefs d’entreprises, dans l’optique d’attribution irrégulière des marchés publics, dépasse largement la seule commune dont il fut maire.
Ce dernier point est parfaitement incontestable. Loin d’être un épiphénomène, comme le soutiennent plusieurs responsables socialistes du département, le règne du clientélisme est une réalité tangible dans le Pas-de-Calais, avec tout ce que cela implique.