Sécurité nationale devant les risques économiques

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Par Jean-Luc Ginder Publié le 30 juin 2022 à 5h06
Pib Banque France Croissance Trimestre
@shutter - © Economie Matin
5%Le gouvernement table sur une inflation annuelle de 5% en 2022.

Nous avons besoin de nous.

« Les autres, ce n’est pas de nous dont ils ont besoin, c’est d’eux. »

Qu’attendons-nous des autres ? Nous vivons une période chaotique et nous sommes bombardés d’informations anxiogènes parfois, souvent, contradictoires. Nous nous sentons être des individus impuissants. Nos pouvoirs magiques individuels nous mettent face à des situations insensées qui devraient être résolues par la simple morale ? La peur s’immisce à tous les niveaux de notre existence. Quel sauveur pour le miracle ? quel sauveur pour nous ramener à l’empathie, à la sincérité ? Et si nous acceptions de nous sentir apaisés, d’avoir confiance en nous, de nous tromper ? L’humanité me manque et les bêtises et les avidités nous en éloignent.

Face à une réalité où chacun ne semble n’avoir plus aucune prise, savoir s’arrêter et regarder le lien indéfectible qui nous relie, pas la peur mais l’amour de nous-mêmes et la connexion avec tous les autres. Une société est basée sur le partage, et toute notre attention doit porter sur un élan de bien vivre. La société spectacle dans laquelle nous vivons ne nous rend pas heureux.

Quelle est notre responsabilité morale face aux catastrophes ? La pauvreté est là, la délinquance est là, la criminalité est là. On nous annonce que la côte d’alerte financière est atteinte.

Je souhaite dégager les conséquences directes de l’inflation sur nos vies et sur les finances publiques. Les forces politiques devront ajuster leurs décisions afin d’éviter de nous mettre en danger sur le plan de la sécurité nationale.

Le niveau du taux d’inflation en France ne cesse de monter. Comme une fièvre au cœur d’une société française qui va de plus en plus mal. La vraie question qui se pose à ce stade est : quelles conséquences sur la vie des Français et sur les finances publiques ? Les prix s’enflamment dans un contexte de crise sanitaire, de guerre, de redistribution des marchés mondiaux. Les injonctions incitant à rester chez soi ou à consommer moins suffiront-elles ?

L’inflation est une érosion économique, c’est-à-dire que la valeur unitaire de l’Euro décroît. Il en faut et faudra dépenser plus pour acheter des biens et des services. A ce jour, on estime l’inflation à +/- 5% et on la projette à 10% à la fin de cette année. Cela représente concrètement pour la majorité des Français 1 mois de salaire nécessaire pour acheter l’année prochaine les mêmes biens et services que cette année. Il faut remonter à 1985 pour retrouver des taux d’inflation proches de ceux que l’on connaît actuellement. Bien entendu l’inflation, et nous le constatons tous dans notre quotidien, n’est pas uniforme, il y a l’énergie et il y a essentiellement l’alimentation. On ne pourra réduire son panier d’alimentation qu’en réduisant la qualité. Ce n’est pas une valeur infinie. On peut aussi s’interroger sur les conséquences de choix sur les rendements et productions nécessaires à notre pays.

Tout va très vite devenir de plus en plus cher. En 1970, le gouvernement avait indexé les salaires sur la hausse des prix alors qu’aujourd’hui ce n’est pas le cas. A l’époque les syndicats étaient puissants et avaient une force de négociation qui leur permettait d’anticiper l’inflation et donc de la corriger. Aujourd’hui, seul le smic est indexé à l’inflation, et les augmentations de salaires sous forme générale est impossible. L’aide publique permettant de compenser un peu cette dernière est quasi invisible pour les consommateurs.

Le pouvoir d’achat est dangereusement touché sur une large période. Le processus de déconsommation est amorcé. Les Français dépensaient 1500 Milliards d’Euros en consommation diverses et variées. Depuis le début de l’inflation, la consommation a été réduite de 20 Milliards. C’est un effondrement et les premiers signes d’appauvrissement rapide appelé le « Trading down » qui correspond à une descente en gamme dans les choix de produits. Le succès des chaînes de distributeurs bas prix, du discount est net. La pauvreté n’est plus rampante, elle s’installe et la souffrance des victimes pourrait être l’étincelle d’un futur conflit social grave susceptible de mettre en péril notre sécurité nationale.

Nous devons avancer sur un chemin apaisé.

Pour soutenir les Français, l’Etat a déjà débloqué 26 Milliards d’Euros d’aides publiques. 50 Milliards supplémentaires seront nécessaires. L’injection budgétaire actuelle n’est déjà plus suffisante pour soutenir l’ensemble des Français dans cette crise sociale qui s’installe durablement.

Cette inflation va dramatiquement jouer au niveau des budgets d’Etat.

Face aux dépenses publiques exorbitantes (surtout celles à venir) l’Etat est contraint d’augmenter ses entrées par ponctions fiscales au regard de la perte de TVA engendrée par la baisse de consommation, et de l’augmentation du niveau de la dette en lien avec les taux directeurs montants de la Banque Centrale Européenne. A ce stade l’Etat ne peut plus faire d’économie budgétaire directe et n’a donc d’autre solution que d’augmenter l’ensemble des impôts et taxes, rendant de fait le coût de la vie des Français plus difficile à supporter. Important, là encore, le pouvoir d’achat flanche.

La situation est historiquement dangereuse et le risque d’embrasement général de l’économie est réel. Attendons, restons confiants sachant que la solution de sortie de crise n’est plus économique. Soyons attentifs.

« Nous ce n’est pas d’eux dont nous avons besoin c’est de NOUS »

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Jean-Luc Ginder est économiste et essayiste spécialiste de la macro économie ainsi que de l'économie de l'Energie. Il est l'auteur du livre « Phobiamanagement » mettant en avant les effets de la peur en économie et du livre « Réflexions Economiques » (Éditions Corps et Ame, février 2018).