La Banque Centrale Européenne (BCE) a communiqué, fin 2020, la version finale du guide relatif au risque climatique et environnemental. Cette année, les banques sont amenées à « s’auto-évaluer en rapport avec la gestion prudentielle définie dans ce guide » et évaluer leur exposition à ces risques.
Marc Carney, l’ancien gouverneur de la banque d’Angleterre avait été le premier financier à soumettre l’idée que le changement climatique menaçait la stabilité financière mondiale lorsqu’il siégeait aux Nations-Unis en tant qu’envoyé spécial pour l’action climatique et les finances : « la communication sur le risque climatique doit être complète, la gestion du risque climatique doit être transformée et la recherche d’un monde « net-zero » doit se généraliser » avait-il déclaré.
Les accords de Paris de 2015, qui prévoient de limiter à 1.5°C le réchauffement climatique sur la planète d’ici 2050 et la réduction significative des émissions de gaz à effet de serre (GES) afin d’atteindre l’objectif de neutralité carbone, a donné le coup d’envoi à une transformation progressive des entreprises vers un modèle économique plus respectueux de l’environnement.
À la suite d’une consultation publique, la BCE a publié la version finale du guide relatif aux risques climatiques et environnementaux, avec pour objectif « une gestion sûre et prudente de ces risques dans le cadre prudentiel actuel ». Le rapport souligne le besoin de transparence et l’importance d’intégrer le risque climatique au coeur de la gouvernance. Dans son communiqué, la BCE « va demander aux banques de s’auto-évaluer par rapport aux attentes prudentielles définies dans le guide ».
Mesurer l’impact climatique dans le processus d’octroi de crédit et dans la gestion des risques
Les banques vont devoir à la fois intégrer le risque lié au climat dans les règles d’octroi de crédit, mais également identifier et mesurer la part du risque climatique parmi les risques existants dans le cadre de l’approche prudentielle au calcul de fonds propres.
Les établissements bancaires sont en réalité indirectement confrontés à 2 risques majeurs : le risque physique, lié aux phénomènes chroniques comme la perte de biodiversité ou la déforestation mais aussi aux phénomènes temporaires comme les épisodes d’inondations ou de sécheresse. Le risque de transition désigne la perte engendrée directement ou indirectement par l’exposition aux actifs carbonés. Ce risque est par exemple lié à l’adaptation brutale aux politiques en faveur de la transition écologique, au progrès technologique et à la sensibilité plus élevée de l’opinion publique pour la finance durable.
Les banques sont confrontées à plusieurs obstacles dans l’évaluation de ces risques : le manque d’indicateurs fiables, de données historiques pertinentes et abondantes, ainsi que la difficulté à prédire l’évolution du risque climatique à long terme et les conséquences sur l’économie réelle.
Intégration du risque climatique dans les exercices de stress tests réglementaire
Par ailleurs, des tests de résistance climatique seront rendus obligatoires et devront être intégrés aux exercices de stress tests actuels pour 2022, et dont les contours seront connus cette année. L’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR), a lancé l’année dernière un exercice de stress tests à titre expérimental et sur la base du volontariat, dont certaines banques ont pris part. Le Réseau des Banques Centrales pour le Verdissement du Système Financier (NGFS) a développé certaines hypothèses relatives aux scenarii de projection vers une économie bas-carbone, ce qui constitue un point de départ commun à l’ensemble des banques dans la réalisation des exercices de stress tests climatique.
Compte-tenu de la pression réglementaire et d’une sensibilisation grandissante d’une partie de la population pour les questions écologiques, 2021 est une année charnière pour les établissements bancaires. Au-delà du devoir de transparence, c’est aussi la capacité de résilience du modèle bancaire qui est en jeu.