Les informations personnelles liées à un individu ont augmenté de manière exponentielle depuis l’avènement des technologies. A partir d’un simple texto, il est possible d’en déduire beaucoup sur son émetteur : heure et position géographique, langue parlée, niveau d’orthographe, modèle du téléphone, etc. Dans notre ère numérique, la moindre action en ligne est une donnée de plus qui renseigne sur notre mode de vie.
Nos données en disent plus sur nous-même que nous voulons bien le penser
Cette multiplication de la donnée et son utilisation, plus ou moins consentie, par les marques a d’ailleurs amené les gouvernements à se positionner. Le Règlement Général de la Protection des Données (RGPD), entré en vigueur depuis mai 2018, se place du côté des consommateurs et impose un cadre légal dans la collecte et l’utilisation des précieuses data. Cette volonté est renforcée par une journée européenne de la protection des données qui se tient le 28 janvier. Pourtant pour beaucoup, cette posture est trop alarmiste. En réaction, des voix s’élèvent avec un argument unique : « Je n’ai rien à cacher ».
Avec une collecte d’informations personnelles invisible, peut-on réellement limiter le nombre de données nous concernant ? Si nous ne nous manifestons pas, les marques nous « écoutent-elles » quand-même ?
L’étendue des données personnelles recueillies autour d’un même individu est mathématiquement incalculable. Avec une vie très numérique, chacun produit par ses actions en ligne, contacts, déplacements ou encore photos, une masse énorme d’informations à caractère privé. Loin d’être toutes exploitables par les marques, elles n’en restent pas moins personnelles. Nos données en disent d’ailleurs beaucoup plus sur nous-même que nous voulons bien le penser. Si vous en doutez, plantez-vous au milieu de la place du marché, un jour d’affluence, pour lire à haute voix votre historique Internet. Votre voisin ne sera pas forcément intéressé par votre recherche de recette à base de poireau. En revanche, le contenu de vos mails personnels, le solde de votre compte bancaire ou encore la destination de vos prochaines vacances, etc. peuvent être beaucoup plus utiles pour vous vendre de la publicité cibleé.
Des éléments de notre vie privée entre les mains de professionnels du marketing ou pire
En effet, certaines informations, aussi anodines soient-elles, en révèlent beaucoup sur nos habitudes. Dans le monde digital, les professionnels du marketing ne s’encombrent pas et récoltent toutes les données possibles. Le tri est effectué dans un deuxième temps. Néanmoins, une fois collectées, elles échappent à la supervision de l’individu. Il n’est alors plus possible de tracer le parcours de ses informations. En d’autres termes, des éléments de notre vie privée sont entre les mains de professionnels du marketing ou pire. En cas de faille de sécurité, ce sont des milliers de hackers et cybercriminels qui pourront avoir accès à nos informations. Des hackers/cambrioleurs peuvent ainsi faire le lien entre vacances lointaines et maison inoccupée. En réalité, tout ce qui est publié ou recueilli sans notre consentement, peut en lire long sur notre vie privée. Des chercheurs de l’Université du Vermont ont récemment réussi à prédire les tweets de 927 utilisateurs d’un site de microblogging. Leur base ? Les tweets précédemment développés ainsi que les 15 contacts privilégiés de l’utilisateur. Une chose est claire, les données parlent d’elles-mêmes.
Dans ce contexte, certains sont tentés de limiter l’utilisation de la technologie. Les particuliers peuvent alors couper leurs ordinateurs, ranger leurs smartphones et désactiver leurs comptes Facebook. En 2019, il est vain de garder ses données complètement personnelles. Il faudrait pour cela éliminer les cartes bancaires, ne plus voyager qu’à pied ou, encore plus extrême, ne jamais établir de document d’identité national. Bref, c’est peine perdue et les marques l’ont bien compris. Alors pour réconcilier les sceptiques avec la technologie, il est tout d’abord important de se renseigner sur les règlementations en place. La loi initiale de 1978 prévoyait déjà de défendre la vie privée des individus, en ligne comme ailleurs. Le RGPD ne vient en réalité qu’actualiser le texte original avec les exigences d’une vie connectée moderne. Ensuite, chacun peut limiter certaines données qu’il cède en ligne. Par exemple, il est maintenant assez simple de refuser les cookies sur un site internet. De même, n’hésitez pas à vérifier les autorisations que demandent les applications mobiles.
L’argument « je n’ai rien à cacher » implique involontairement que la vie privée ne doit pas être protégeé. Pourtant, avec une vie numérique étendue, le personnel est maintenant accessible par de nombreuses entités, vertueuses ou non. Il en va de même pour la liberté d’expression que chacun s’emploie à défendre, même lorsqu’elle n’est pas directement menacée. A l’heure du tout connecté, les cybercitoyens produisent malgré eux un volume de données difficilement quantifiable. Pour autant, chaque détail correspond à un aspect de la vie d’un individu. La première étape pour préserver la confidentialité de ses données en ligne est de sécuriser sa vie numérique. Soyez prudent avec les réseaux Wi-Fi publics non sécurisés, changez régulièrement les mots de passe et utilisez des solutions de sécurité Internet sur tous les appareils de la maison. Il convient pour les Européens de s’emparer de cette question afin de s’assurer que ses préférences sont respectées et que sa vie privée le reste.