Mettons les robots en esclavage

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Par Bill Bonner Publié le 24 février 2014 à 6h00

Dans un récent article du Financial Times, l'éditorialiste Martin Wolf attire l'attention sur l'échec des classes ouvrières partout dans le monde : ils ne peuvent pas faire concurrence aux robots, dit-il. "Réduisez les robots en esclavage et libérez les pauvres", propose-t-il.

Qu'a-t-il contre les robots ? Il doit les considérer comme des traîtres mécaniques. Ils ne font pas grève. Ils ne répondent pas. Ils font moins d'erreurs. Ils ne boivent pas pendant les heures de travail. Ils fonctionnent même les jours fériés. Et on peut les programmer pour qu'ils soient polis en plus d'être compétents.

Ma foi, tout robot qui voudrait notre poste peut l'avoir. Inutile de le réduire en esclavage. Simplement, que ce soit fait équitablement : nous céderons volontiers notre place à toute machine qui se débrouille mieux que nous. Ce serait bien si on en trouvait un qui prenne aussi le poste de Wolf.

Mais là où nous voyons une opportunité, Wolf voit un problème. 47 % des emplois sont menacés par l'automatisation, dit-il. Qu'arrivera-t-il alors aux salaires ?

Eh bien, inutile d'aller plus loin que l'esclavage lui-même pour le savoir. Les esclaves, qu'ils soient humains ou robots, sont considérés comme une forme de capital. Après les coûts d'entretien, les profits de leur travail vont à leurs propriétaires.

Les banques centrales, responsables de l'automatisation ?

Wolf n'en parle pas, mais les robots devraient rendre grâces aux banques centrales. En réduisant les taux d'intérêt, elles réduisent aussi le coût du capital. Avec un taux d'intérêt zéro, par exemple, le coût réel d'un robot est de zéro. Et si ce robot peut remplacer un employé marginalement compétent et qui a en plus une mauvaise attitude, l'employeur fait un profit de 42 000 $ (aux coûts américains)... sans compter l'assurance maladie et la place de parking. Plus le coût du capital est bas, plus les robots prennent leur place dans la main d'œuvre... et plus le coût de l'emploi chute.

Et maintenant, au lieu de passer ses journées à trimer dans une usine bruyante, l'ancien ouvrier pourrait être à la bibliothèque, à étudier l'araméen, ou dans sa cave, à travailler à un moteur non polluant.

Mais attendez. Il pourrait y avoir "un choc d'ajustement considérable à mesure que les ouvriers sont licenciés ; les salaires sur le marché des travailleurs non-qualifiés chuteront bien au dessous d'un minimum socialement acceptable ; et si l'on ajoute à cela d'autres nouvelles technologies, les robots pourraient rendre la distribution des revenus encore plus inégale qu'elle l'est actuellement".

Vite, un plan !

Le spectre des revenus inégaux est si alarmant que M. Wolf n'attend pas l'invasion des robots. Il veut que nous soyons prêts. Il nous donne cinq choses que nous devrions faire... ou auxquelles au moins penser.

-Premièrement, nous devons "former" les bons nouveaux robots... et gérer les mauvais, quoi que cela signifie.

-Deuxièmement, l'éducation "n'est pas une baguette magique". Bien sûr, nous n'avons jamais pensé que c'était le cas... Et de toute façon, on peut probablement apprendre des choses à un robot plus rapidement et plus facilement qu'à un enfant de dix ans.

-Troisièmement, il faut "laisser les gens s'amuser activement". A nouveau, nous n'avons pas la moindre idée de ce qu'il veut dire. Les gens n'ont pas besoin de la permission de M. Wolf pour s'amuser, activement ou paresseusement.

-Quatrièmement... oh-oh... "il faudra redistribuer les revenus et la richesse". Là, il en vient au but. Il veut contrôler là où va l'argent. Peut-être que "l'Etat [devrait] obtenir une part automatique des profits générés par la propriété intellectuelle qu'il protège", dit-il.

-Cinquièmement, n'oublions pas le besoin de "s'assurer que la demande se développe en tandem avec la hausse de production potentielle".

Vous vous rappelez toutes ces choses que vous avez apprises sur le fonctionnement d'une économie... comment l'offre et la demande se régulent elles-mêmes ? Vous vous en souvenez ? Grâce aux prix. Quand l'offre est basse... les prix grimpent... et les producteurs s'activent. Quand les prix chutent, les producteurs lâchent du lest ; la baisse des prix signale un excès d'offre.

Eh bien oubliez tout ça. M. Wolf est d'avis que l'offre et la demande devraient être contrôlées, pour qu'elles grimpent toutes deux au même rythme. Peut-être qu'il nous expliquera comment ça fonctionne dans un futur article...

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.