Réunion de la BCE : Monsieur Draghi, des réponses et vite !

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Par JOL Press Modifié le 6 septembre 2012 à 20h32

Jeudi 6 septembre. Aux termes de la réunion mensuelle de la BCE, son président, Mario Draghi, annoncera les décisions de politique monétaire prise par l'institution. Une intervention attendue avec fébrilité tant chez les responsables politiques de la zone euro que parmi les acteurs des marchés financiers. Quelles questions ? Quelles réponses ?

Avec l’annonce, le 2 août, que la Banque centrale européenne pourrait de nouveau acheter directement de la dette des États membres de la zone euro en difficulté, Mario Draghi a gagné du temps : "Croyez-moi, cela sera suffisant", avait-il lancé aux marchés financiers, ils l’ont cru – ou feint de le croire – et, sur le front de la crise, le mois d’août a offert une relative accalmie.

Pour preuve : avant cette annonce, le taux espagnol à dix ans était largement au-dessus de 7 % et il est repassé sous ce seuil immédiatement après. Mais, depuis une semaine, les investisseurs semblent dans l’expectative. Des questions restent en suspens et le président de la BCE prendrait un grand risque à retarder davantage la mise en œuvre de sa promesse. En ce sens, la réunion mensuelle de l’institution monétaire, jeudi 6 septembre, est déterminante.

Quels seront les pays bénéficiant du programme d’achats d’obligations ? Les déclarations du mois d’août coïncidaient avec des taux records des obligations d’État espagnoles. Pourtant, l’Espagne pourrait ne pas en être le premier bénéficiaire. En effet, conformément aux mécanismes européens, un pays doit, pour bénéficier de cette intervention de la BCE, en faire la demande formelle. Or, pour des raisons essentiellement politiques, le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, ne semble pas presser de se soumettre à cette condition, craignant qu’elle ne l’affaiblisse face à une opinion publique déjà fortement mobilisée.

Dès lors, l’un des trois pays ayant déjà reçu l’aide du FESF – et dont la dette est plus réduite -, la Grèce, le Portugal ou l’Irlande pourraient servir de « test ». Le cas espagnol pourrait rester en suspens jusqu’à octobre, le temps d’analyser les propositions de Mario Draghi.

Quelles seront les conditions pour profiter de l’intervention de la BCE ? Des conditions drastiques ont été posées aux pays souhaitant bénéficier de l’aide de la « troïka » (Union européenne, FMI, BCE) : restriction budgétaire, réformes structurelles et privatisations massives, perte relative de souveraineté. La BCE pourrait présenter une « procédure allégée », rendant la sollicitation de l’aide moins contraignante.

Quelles seront les obligations concernées ? Mario Draghi a affirmé que ces achats se concentreraient sur la partie « courte » de la courbe des taux, et il s’agirait donc des obligations dont la maturité est de deux ans. Scénario très improbable que ces achats portent sur des maturités plus élevées – à 5 ans, par exemple.

Les achats d’obligations seront-ils compensés par une offre moins importante de liquidité sur le marché monétaire ? Si c’était le cas, on parlerait alors de "stérilisation" de l’achat d’obligation et ce serait le procédé inverse de celui adopté par la Federal Reserve américaine, qui correspond à une augmentation de l’offre de monnaie. La BCE devra trancher – et la deuxième solution traduirait un changement de doctrine des grands argentiers de Francfort.

La BCE annoncera-t-elle ses opérations d’achats ? Dans le cadre du SMP – le securities market program, ou programme d’achat d’obligations -, la BCE ne prévient pas de ses incursions sur le marché. En revanche, la Bank of England ou la FED avertissent et rendent public le montant pour lesquelles entendent intervenir. Depuis son accession à la présidence de la BCE, Mario Draghi a indiqué qu’il souhaitait que l’institution fasse preuve de davantage de transparence. Il devrait opter pour un maximum de souplesse puisqu’il s’agit, en l’occurrence, d’aider des pays en difficulté à tout moment.

Ce nouveau dispositif fera-t-il l’objet d’un montant maximum ? Le programme d’achat d’obligations actuel n’est assorti d’aucune limite et il est fort probable qu’il n’y en aura pas davantage dans cette version. L’annonce d’une limite serait une mauvaise nouvelle pour les investisseurs.

La BCE se fixera-t-elle des objectifs de taux ? La BCE devrait se fixer des objectifs, sans pour autant les rendre publics. Le message serait plus fort si des objectifs étaient fixés et rendus publics.

La BCE n’agira-t-elle que conjointement avec le FESF/MES ? C’est une volonté affichée de Mario Draghi. Il souhaite vivement que les États participent aux côtés de la Banque centrale européenne. Cela garantirait aussi que les États aidés soient surveillés – puisque c’est une condition sine qua non de l’intervention du FESF/MES. En théorie, une intervention des États pour un euro symbolique pourrait suffire…

Quid des taux directeurs ? La question des taux directeurs, longtemps l’annonce la plus attendue, est désormais secondaire. Le taux directeur à 0,75 % est d’ores et déjà à un niveau historiquement bas. Toute nouvelle baisse aurait un impact limité mais celui-ci serait, avant tout, symbolique.

Franck Guillory

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