Face au manque de reconnaissance de leurs capacités et pour lutter plus efficacement contre les discriminations, les femmes se regroupent de plus en plus en réseaux. Par affinité professionnelle ou d’objectif, proximité sectorielle ou géographique, ces lieux de partage leur offrent une meilleure visibilité et renforcent leur pouvoir d’influence.
Propices aux échanges, utiles professionnellement, les réseaux d’influence au sein de l’entreprise ont longtemps été l’apanage des hommes qui s’en sont fort habilement servis pour asseoir leur prééminence et préserver leur pré-carré. Persuadées que leurs compétences suffiraient à leur assurer la reconnaissance professionnelle qu’elles sont en droit d’attendre, les femmes s’en sont longtemps désintéressées. A tort !
Sortir de son isolement
Première vertu de ces cercles, ils offrent aux femmes un lieu d’expression qui les sort de leur isolement. Bien plus accaparées que les hommes par la nécessité de démontrer qu’elles méritent la place qu’elles occupent ou qu’elles convoitent, elles en oublient souvent de s’occuper de leur carrière. Pas facile dans ces conditions de lutter efficacement contre un plafond de verre encore très actif. En croisant leurs regards sur leurs expériences respectives, en échangeant sur les bonnes pratiques, en enrichissant leurs carnets d’adresses, elles acquièrent de nouvelles perspectives. Elles libèrent leur parole, posent plus facilement un diagnostic objectif sur leur situation pour définir les solutions appropriées.
Une force de frappe
Rien d’étonnant dès lors que ces réseaux aient fleuris ces dernières années au sein des grandes entreprises ou de filières d’activités comme la finance, l’ingénierie, les nouvelles technologies ou la chimie. Ces réseaux ont permis de faire bouger les lignes et de mettre en œuvre dans les entreprises des mesures en faveur à la fois du recrutement, mais aussi du développement personnel et professionnel des femmes, avec des résultats à la clé. Le taux de féminisation des entreprises innovantes principalement dans les domaines de l’ingénierie et des nouvelles technologies, approche les 30 %, dans un secteur qui attire pourtant plus difficilement les femmes. De quoi motiver toutes celles qui désespèrent de voir les choses réellement changer. D’autres au contraire préfèreront la voie de la mixité, en intégrant des réseaux professionnels déjà existants pour faire évoluer les mentalités de l’intérieur, ou des clubs misant avant tout sur la convivialité et le bien-être, pour créer des liens peut-être plus durables via des affinités communes. L’essentiel est de choisir le mode qui convient le mieux à sa personnalité et qui sera source d’épanouissement.
Un accompagnement ciblé
Autre champ d’influence des réseaux : l’entreprenariat qui enregistre une certaine stagnation ces dernières années. Là plus encore qu’ailleurs, les créatrices d’entreprises doivent déployer davantage d’énergie que leurs homologues masculins pour atteindre leurs objectifs. Au sein de réseaux dédiés aux dirigeantes, elles trouvent un soutien adapté, par le biais de formations, de conférences thématiques ou d’interventions d’experts, dans un esprit d’entraide et de partage. Leur engagement, dans les instances sociales et économiques des territoires, est aussi un excellent moyen de faire entendre leur voix et de reconnaître la place qu’elles occupent dans le champ économique.
Autre bastion masculin à avoir été conquis, le financement de projets. Des « Business Angels » au féminin ont fait leur apparition, pour accompagner les porteuses de projets et les aider à se développer.
On le voit, les initiatives ne manquent pas pour faire évoluer un univers trop exclusivement fondé sur des schémas masculins. C’est l’engagement de toutes ces femmes, singulièrement à travers les réseaux, qui a déjà permis de faire évoluer les mentalités et de faire grandir dans ce pays l’idée que la mixité à tous les niveaux de l’entreprise est essentielle à sa réussite économique et sociale.