Après tout, pourquoi les Français payeraient-ils leurs coups de fil plus chers que les Allemands, qui eux-mêmes paieraient moins que les Espagnols ? A l’heure de l’Europe, l’idée d’une tarification unique des communications et d’internet est loin d’être farfelue. Aux Etats-Unis et en Chine, qui ne comptent chacun que trois ou quatre grands opérateurs télécoms, c’est déjà à peu près le cas. Alors pourquoi pas dans l’Union Européenne ?
Comme le rapporte le Financial Times en Une hier, une réunion dite privée s'est tenue en fin d'année à ce sujet entre le commissaire européen à la Concurrence et les principaux opérateurs europeéns, notamment Deutsche Telekom, Telefónica, France Telecom et Telecom Italia. Il faut savoir qu’environ 80% des utilisateurs européens de téléphones portables ont des abonnements auprès de ces quatre groupes.
Ensemble, ils ont dressé un constat : les infrastructures en matière de télécommunications ne sont pas coordonnées au niveau européen. De là à imaginer que des discussions auraient eu lieu sur une éventuelle mutualisation des réseaux, il n’y a qu’un pas, que le quotidien britannique franchit. Actuellement, il existe en Europe 1 200 opérateurs de téléphonie fixe et une centaine de réseaux de téléphonie mobile, régulés par une multitude d’autorités différentes. Or cela empêche d'atteindre l'objectif d'un marché européen unifié et compétitif en matière de télécommunications. L’idée évoquée serait donc de mettre en place une organisation qui rassemblerait les infrastructures des entreprises ainsi que leurs charges financières.
Evidemment, ce partage des réseaux poserait d’immenses problèmes techniques, financiers et même légaux et politiques car pour l’heure, les infrastructures et les législations diffèrent d’un pays à l’autre. Mais en mutualisant les moyens financiers, cela pourrait notamment permettre aux opérateurs, qui voient leurs bénéfices chuter d’année en année, de financer globalement les réseaux de prochaine génération ou le déploiement de la fibre optique.
Ce projet est évidemment de très longue haleine. Mais le marché semblait être plutôt favorable à l’ouverture d'éventuelles discussions, vu la hausse des titres des grands groupes de télécoms européens hier en Bourse !