Le domaine des infrastructures a été impacté par les conséquences des mesures de confinement à travers la planète ainsi que les restrictions régissant les déplacements internationaux. Mais les nouveaux défis de l’après sont aussi source d'opportunités.
Au cours des deux derniers mois, l'Europe a connu la baisse du trafic aérien la plus importante dans le monde, avec un déclin de 68 % du nombre de vols prévus par rapport à la même période l'année dernière. Sans surprise, l’utilisation des transports en commun s’est également effondrée. Rien qu'au Royaume-Uni, le virus a effacé 73 % des déplacements routiers, qui sont tombés à des niveaux jamais vus depuis 1955. Ce ne sont là que quelques-uns des nombreux enjeux auxquels le secteur des infrastructures fait face cette année.
Plutôt de se concentrer sur les aspects négatifs, on peut tenter d’y voir un potentiel compte tenu du caractère inédit de notre époque pour l’industrie financière. Nous avons connu 12 années de volatilité au cours de ces 12 dernières semaines et, aux yeux des investisseurs, la volatilité n'est pas forcément un mal puisqu'elle engendre des perturbations dont certains peuvent essayer de tirer profit. La baisse des cours sur certains actifs de grande qualité – par exemple, les services aux collectivités aux États-Unis, qui se classent parmi les meilleures idées d’investissement au monde – en témoigne. Le secteur des transports en Europe demeure intéressant : les multiples de valorisation des entreprises de péage routier étaient très élevées avant la récente crise, mais entre mars et fin mai, la population européenne était confinée, loin des routes, pour la première fois de l’histoire. L’arrêt brutal du trafic routier qui en a découlé a eu un effet d’entraînement sur les cours de ces sociétés, dont certains ont perdu la moitié de leur valeur. Aujourd’hui, à l’heure de la reprise progressive du trafic, ces actifs pourraient redorer leur blason.
Bien que les niveaux de trafic de 2020 et et très probablement 2021 aient été beaucoup plus faibles que d’habitude, ce secteur reste prometteur. Si l'on considère les flux de trésorerie de ces actifs sur l’horizon des décennies à venir et au vu des bilans solides de certaines entreprises, la volatilité récente peut être perçue comme une opportunité assez rare.
Le prochain « New Deal » ?
De la même manière que le président américain Roosevelt a soutenu l'économie américaine pendant la Grande Dépression avec son « New Deal », les gouvernements du monde entier s'appuieront probablement sur les projets d'infrastructure pour donner un coup de pouce à leurs efforts de relance économique. De quoi accélérer la croissance du secteur.
De manière générale, les projets d'infrastructure à grande échelle passent par des programmes d'emploi massif, qui devraient permettre aux gens de renouer avec le travail tout en créant de nouveaux débouchés. Des projets de construction importants vont bientôt voir le jour en Espagne et en Italie, deux pays fortement impactés par la crise récente, et ce concept va prendre de l'ampleur partout dans le monde.
Et après ?
En vue de la présidentielle américaine qui approche à grands pas, les infrastructures représenteront un sujet brûlant d’actualité pour les candidats. En 2016, ce fut l'un des rares domaines où les deux camps ont trouvé un certain terrain d'entente. Étant donné l'état de délabrement chronique des infrastructures américaines et la volonté visiblement inépuisable du gouvernement américain de soutenir l'économie par des dépenses fiscales, ce sera, une fois de plus, probablement le seul domaine dans lequel les deux principaux candidats s'accorderont au moment des élections américaines de novembre.
Comme pour tous les autres secteurs, la pandémie de Covid-19 a changé la donne pour l’investissement en infrastructures dans le monde entier, mais les investisseurs ont le choix : soit ils peuvent considérer ce contexte comme une preuve de faiblesse soit au contraire y voir le moyen de creuser de nouvelles idées d’investissement au sein de la classe d’actifs.