Initialement paru le 02/12/14
Ceux qui ont partagé sur leur mur Facebook, pleins d'espoir, les amendements au "PLFSS" (projet de loi de finances de la Sécurité Sociale) adoptés par le Sénat désormais à droite en sont pour leurs frais. L'Assemblée Nationale, toujours majoritairement à gauche malgré la quarantaine de députés frondeurs socialistes, a définitivement adopté le PLFSS et les 10 milliards de coupes budgétaires qui ciblent prioritairement les familles.
D'abord, la modulation des allocations familliales qui a fait couler beaucoup d'encre lors de l'adoption surprise de la mesure en octobre, après un de ces revirements sur le sujet dont François Hollande a seul le secret. Alors qu'il était opposé à toute modulation des allocations familliales, du moins, c'est ce que l'on disait, il aurait donné son "feu vert" pour continuer d'assommer un peu plus les familles en divisant les "allocs" à partir de 6000 euros de revenus pour deux enfants (par quatre à 8000 euros). Pour les familles qui arrivent aux seuils en question ou les dépassent légèrement, la modulation des allocations sera lissée à l'euro près. Autrement dit, un euro de revenu au dessus du seuil les privera de seulement un euro d'allocation, et ainsi de suite. Chaque enfant repousse par ailleurs le seuil de la modulation de 500 euros. Problème : ce sont les mêmes familles qui subissent de plein fouet le passage du quotient famillial de 2000 à 1500 euros : double peine.
Prime de naissance et congé parental seront bien réformés également : mais moins que prévu. Ainsi, la prime de naissance qui devait être divisée par trois à partir du deuxième enfant reste finalement intouchée, à 923 euros. En revanche, elle sera versée à la naissance, au lieu du septième mois de grossesse. On se demande bien pourquoi ! Attention, la prime de naissance est conditionnéee à des revenus ne dépassant pas 47 000 euros pour le premier enfant. Quant au congé parental, il sera bien coupé en deux entre le papa et la maman, malgré l'ineptie du système largement dénoncé à droite comme à gauche. Désormais, pour le premier enfant, le congé parental sera de deux fois six mois, six mois pour chaque parent. A partir du deuxième, le congé sera toujours de trois ans, mais coupé en trois tiers : deux ans pour l'un des parents, un an pour l'autre.
Finalement, la seule mesure du PLFSS 2015 qui soulagera un peu les familles, c'est le retour (partiel) de l'allégement de charges patronales pour garde d'enfants à domicile. Historiquement de 1,5 euro par heure travaillée, il était passé depuis deux ans à 0,75 euros, détruisant au passage plusieurs milliers d'emplois de garde d'enfant, du moins d'emplois déclarés. Le PLFSS 2015 accorde à nouveau 1,5 euro d'allégement de charge par heure travaillée, mais mais mais... dans une limite de 40 heures par... mois ! Donc, si vous faites garder votre enfant à domicile par une nounou déclarée, vous bénéficierez des éxonérations de charges pendant une semaine, et pour les trois autres, il faudra... continuer de la payer au noir ! Que voulez-vous, c'est ce qu'ont décidé les députés !
Désormais, faites vos comptes, et si vous considérez que les impôts, c'est du vol, vous n'êtes pas seuls : 37 % des français pensent désormais comme vous.