Ne nous leurrons pas. Le système des retraites à la française fait office de véritable serpent de mer pour nos politiques. Et les gouvernements qui se sont succédés s’y sont attelés avec souvent trop peu de courage. Le 12ème rapport du Conseil d’orientation des retraites, s’il est riche en statistiques, est une nouvelle fois assez pauvre en initiatives. Pourtant le bilan est là. Si aucune action n’est mise en œuvre rapidement, les différents régimes de retraites arriveront très vite à un déficit de plus de 20 milliards d’euros. Vous l’aurez compris, il nous faut des solutions et vite.
Et à ce petit jeu, chacun y va de son commentaire et voudrait actionner un, deux ou les trois leviers suivants. Allonger le temps de cotisation en repoussant l’âge de départ à la retraite ? On a vu ce que cela a donné lors de la dernière réforme. Augmenter ces cotisations ? Si on les augmente, alors que nous avons déjà des coûts de production parmi les plus élevés d’Europe, c’est toute notre compétitivité qui s’écroulerait. Reste enfin l’idée de geler les pensions, comme le préconise le Medef.
L’idée est lancée, une nouvelle fois, et déjà des hurlements se font entendre. Pourtant le problème est extrêmement simple. Nous vivons aujourd’hui une révolution de la longévité. Les Français ont gagné, pendant le XXème siècle, 35 ans d’espérance de vie de plus que le siècle précédent. Cette année je vais d’ailleurs gagner (et vous aussi) deux mois et demi de vie en plus.
Or la réforme de 2010 n’a malheureusement pas tout résolu. Aujourd’hui l’âge de départ minimum est de 62 ans * après 41,5 années de cotisation. Un âge qui devrait en fait être 63 ans si l’on voulait repousser le déficit jusqu’en 2020. Mais il faudrait le faire vite ! Et en 2020, le problème se posera de nouveau et nous devrions repousser à nouveau cet âge légal à 66, 67 ans. Une spirale infernale.
La seule solution véritablement efficace serait donc de geler, partiellement et provisoirement, les pensions. Une solution envisageable quand on sait que le revenu moyen des retraités ne fait qu’augmenter et qu’il sera, en 2020, supérieur de 6 à 7 % par rapport à celui de 2011.
Pour le régime de base comme pour les retraites complémentaires, il faudrait que la revalorisation de ces pensions soit inférieure de 1,5 point à l’inflation de cette année qui devrait être d’environ 1,8 %. Ensuite cette revalorisation ne serait réduite qu’à 1 point de la hausse des prix, pour chaque année, jusqu’en 2017. Une mesure certes contre-électorale mais courageuse, et qui permettrait de rétablir l’équilibre financier du système.
Aucun gouvernement ne s’y est jamais frotté. Le gouvernement de Monsieur Ayrault serait bien inspiré de le faire. Une mesure impopulaire, mais la sortie de crise est aujourd’hui à ce prix.
(*) 62 ans pour les personnes nées à compter du 1er janvier 1965,
60 ou 61 ans pour les personnes nées avant le 31 décembre 1954.