Il va encore falloir réformer réformer réformer. Et en ce moment, la seule réforme qui passe, c'est raboter raboter raboter. Ou ponctionner ponctionner ponctionner. Ou les deux.
L'an dernier, l'ensemble des régimes de retraites affichait un déficit de 14 milliards d'euros, qui est aujourd'hui comblé par l'emprunt sur les marchés. Preuve s'il en était encore que les dettes publiques ne peuvent pas continuer perpétuellement à être creusées. Mais d'après les prévisions du Conseil d'Orientation des retraites, les choses ne vont pas aller en s'améliorant, malgré les réformes entreprises sous le gouvernement Sarkozy par François Fillon en particulier, sachant que les réformes engagées par le nouveau gouvernement socialiste ont surtout agravé la situation (retour de la retraite à 60 ans) de 1 milliard d'euros par an de déficit en plus en moyenne.
D'après le COR, en 2017, le système de retraites actuels affichera 18 milliards d'euros de déficit, et ce en se basant sur des prévisions de croissance et de taux de chômage relativement optimistes encore. Même si l'on sait que l'exercice est à la fois périlleux et futile, le COR a "tiré la feuille excel" sur plusieurs décénnies, et arrive à la conclusion que les systèmes de retraite actuels repasseraient dans le vert dans 25 ans, quand les générations issues du baby-boom ne.. péseront plus sur les pensions à verser, ou péseront "moins". Reste que pour l'instant, les 20/25 prochaines années sont structurellement déficitaires, ce qui en cumulé représente une dette, à faire porter par les actifs en théorie, de 15 à 20 milliards par an : soit une broutille qui avec les intérêts représente 700 à 800 milliards cumulés (en fonction du taux auquel l'argent serait prêté) d'ici à 2040. Intenable.
Le COR propose donc d'âgir sur les fameux leviers évoqués plus haut. Soit, de raboter un peu les retraites, en les déconnectant des revenus des actifs, pour que le rapport entre les deux baisse de 5%. Une autre façon de dire que l'on va baisser le montant des retraites de 5 %, mais en limitant la progression annuelle des pensions ce qui est moins "sensible". Dans le même temps, le taux de prélévement, actuellement de 29,3 %, devrait passer à 31,2 %. Enfin, en retardant de 6 mois de plus l'âge du départ à la retraite (62 ans en 2017 avec les réformes Fillon/Sarkozy), un retour à l'équilibre des régimes est possible.
Reste que l'exercice pèche sur un point majeur : le scénario de retour à l'équilibre des régimes existe, mais dans le monde de Oui-Oui, avec un chômage minimal, proche du plein emploi, et une croissance comme on en a pas eue depuis dix ans en Occident, et que d'aucun pensent disparue à jamais...