En France, l’activité économique progresse, le marché du travail se redresse - progressivement il est vrai - et la productivité comme le niveau de vie restent d’une manière générale élevés : c’est ce qui ressort d’un nouveau rapport publié par l’OCDE, qui précise en outre que de nouvelles réformes sont désormais nécessaires pour maintenir la protection sociale à son niveau actuel, stimuler la création d’emplois et garantir la viabilité des finances publiques.
Selon la dernière Étude économique de la France réalisée par l’OCDE, la croissance économique devrait selon les estimations actuelles s’établir à 1.7 % en 2017, ce qui correspond à une révision à la hausse par rapport aux prévisions de 1.3 % établies par l’OCDE en juin dernier et au taux le plus élevé enregistré depuis six ans. Grâce à l’efficacité du système de protection sociale et à l’existence d’un salaire minimum, la pauvreté est inférieure en France à celle observée dans la plupart des autres pays de l’OCDE, même si elle reste concentrée dans certains quartiers dont les habitants se heurtent à des difficultés multiples, notamment des discriminations à l’embauche.
L’Étude, présentée à Paris par le Secrétaire général de l’OCDE M. Angel Gurría et le ministre français de l’Économie et des Finances M. Bruno Le Maire, permet de dégager des axes d’action prioritaires pour l’avenir. Il s’agit notamment de mener des réformes visant à rendre la fiscalité plus favorable à la création d’emplois et à la productivité, d’œuvrer à une plus grande inclusivité du marché du travail et d’agir pour améliorer la situation des populations des quartiers défavorisés et marginalisés.
Selon l’Étude, les personnes qualifiées n’arrivant pas à trouver du travail sont trop nombreuses, et les inégalités scolaires très marquées nuisent à la mobilité sociale. Les auteurs recommandent de simplifier le système de formation, complexe, et de développer l’apprentissage dans des lycées professionnels en encourageant les entreprises à former de jeunes apprentis. Ils suggèrent également d’inciter davantage les enseignants de qualité à exercer auprès d’élèves issus de milieux défavorisés en leur offrant de meilleurs salaires et des perspectives de carrière plus favorables, et de mettre davantage l’accent sur les méthodes pédagogiques innovantes afin de repérer et de s’employer à résoudre les difficultés d’apprentissage et de répondre aux besoins différenciés des élèves d’une même classe.
Pour favoriser l’emploi et la productivité, la législation du travail doit offrir aux entreprises comme aux travailleurs une plus grande souplesse pour négocier les conditions de travail et les salaires, indique l’Étude.
Saluant les réformes du travail prévues par le gouvernement, M. Gurría a déclaré qu’il était « indispensable » que les entreprises et les travailleurs puissent adapter les conditions de travail à leurs besoins spécifiques.
« Il s’agit de trouver un juste équilibre, sur le marché du travail, entre des conditions propices à l’inclusivité garantissant aux travailleurs une solide protection et une représentation satisfaisante, et une souplesse suffisante pour permettre aux entreprises d’innover et de faire face à la concurrence » a déclaré M. Gurría.
L'Étude souligne que les dépenses publiques de la France, à 56.4 % du PIB en 2016, sont les plus élevées de tous les pays de l’OCDE, ce qui se traduit inévitablement par une charge fiscale ayant un coût économique et social élevé. Une stratégie à long terme s’impose pour réduire la dépense publique, garantir la viabilité de la dette et dégager une marge de manœuvre permettant de procéder à de nouvelles baisses d’impôt et de simplifier le système fiscal, tout en préservant un niveau élevé de protection sociale. Cela contribuerait, selon l’OCDE, à promouvoir la création d’emplois et l’investissement. Il importe tout particulièrement de s’employer à réduire les taux de l’impôt sur les revenus du travail pour les bas salaires et de l’impôt sur les revenus du capital. Élargir la base d’imposition en supprimant les avantages fiscaux dont sont assortis les revenus du capital et mettre davantage l’accent sur la progressivité de l’impôt sur le revenu en diminuant parallèlement les exonérations en place permettraient de financer ces mesures, de même que relever les écotaxes.
Cependant, il sera également nécessaire de réduire les dépenses publiques. La masse salariale du secteur public est plus importante que dans d’autres pays également dotés d’une forte protection sociale, et les dépenses de retraite sont elles aussi trop élevées et fragmentées, peut-on lire dans L'Étude. Passer à un système de retraite unique, comme le prévoit le gouvernement, permettrait d’accroître la mobilité de la main-d’œuvre et d’abaisser les coûts de gestion. L'Étude préconise par ailleurs un relèvement progressif de l’âge minimum de départ à la retraite aligné sur l’espérance de vie.
La hausse des dépenses de santé pourrait être mieux maîtrisée par une amélioration de la coordination entre les prestataires de santé, en particulier pour les maladies chroniques, et par un renforcement de leur rôle en matière de prévention, selon les auteurs de l’Étude.
Il ressort du chapitre de l’Étude spécifiquement consacré aux quartiers défavorisés que des investissements ciblés dans les infrastructures de transport et de logement ainsi que dans l’éducation et la formation pourraient grandement améliorer les perspectives économiques et le bien-être des populations concernées.
Une Synthèse de l’Étude économique reprenant les principales conclusions peut être consultée ici : https://www.oecd.org/fr/economie/etudes/etude-economique-france.htm.