Pour équilibrer le régime général des retraites, le gouvernement a donc fait le choix, comme il en a désormais coutume, de ne retenir que des hausses de cotisations et d'impôts. Un replâtrage financier qui vient alourdir les charges des salariés, des entreprises et des retraités, sans toutefois régler les problèmes structurels auxquels nous sommes confrontés. Une occasion manquée de réformer durablement notre système de retraite pour en assurer la pérennité tout en préservant notre compétitivité.
Une fois de plus, nos politiques ont manqué de courage, souhaitant avant tout ne fâcher personne pour finalement mécontenter tout le monde. Les mesures annoncées qui ne concernent que le régime général, n'apportent que des réponses partielles et fiscales à des enjeux qui sont structurels. Si en 1960 on comptait quatre actifs pour un retraité, aujourd'hui on n'en compte plus qu'1,7 et seulement 1,4 en 2040.
Résultat, le taux de cotisation vieillesse du régime général sur le salaire plafonné a quasiment doublé entre 1967 et 2013, passant de 8,5 % à 16,85 %. Des charges largement supportées par les entreprises, qui voient ainsi se réduire leur compétitivité et leur capacité de créer des emplois, préoccupation majeure de nos concitoyens. 0,1 point de cotisation en plus, c'est en effet la perspective de 5.000 chômeurs supplémentaires d'ici cinq ans et 10 .000 d'ici dix ans. En outre, le gouvernement ajoute 2 ou 3 milliards de surcoût avec le compte pénibilité, une question qui devrait avant tout être réglée par des actions préventives.
Une promesse Hypothétique
Face au mécontentement de chefs d'entreprises confrontés quotidiennement à des niveaux de charges devenus insupportables (100 milliards de prélèvements de plus que leurs concurrents européens), le gouvernement a entonné le chant des sirènes en promettant une compensation intégrale, sans en préciser les modalités exactes, ni le mode de financement. Une promesse hypothétique que les actes de ces derniers mois, qui démentent souvent les beaux discours, nous incitent à prendre avec beaucoup de circonspection.
Des « volte-face » permanents qui alimentent un climat d'incertitude peu propice à une reprise. Curieuse méthode en effet, que celle qui consiste à taxer en premier lieu pour ensuite chercher des moyens de compenser la hausse, en aggravant au passage nos déficits publics. C'est à n'y plus rien comprendre. En refusant de regarder les réalités en face, notre pays s'engage dans une spirale dangereuse. Si Bruxelles nous a accordé un délai supplémentaire pour tenir nos engagements financiers, c'est sur la base de promesses de réduction de la dépense publique et de réformes structurelles que les instances européennes ne manqueront pas de nous rappeler.
Des solutions pérennes existent pourtant
Alors que l'espérance de vie a largement augmenté ces dernières années et que le Président de la république lui-même avait reconnu lors de sa dernière conférence de presse que cela induisait logiquement de devoir travailler plus longtemps, le gouvernement a choisi de ne pas modifier l'âge légal de départ à la retraite comme l'ont fait tous nos principaux partenaires européens. Un déplacement du curseur qui permet pourtant d'augmenter la population des actifs et de rééquilibrer le système. D'autant que dans les faits, un salarié né en 1973 devra avoir cotisé quarante-trois ans en 2035 pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Et s'il a commencé à travailler à 25 ans, il ne pourra partir sans décote avant 68 ans.
Autre aspect essentiel totalement occulté, la multiplicité des régimes de retraite (il en existe aujourd'hui 35 par répartition) génère iniquités et coûts multiples. Il est urgent de s'attaquer à leur convergence avec l'alignement des retraites du public sur celles du privé. Comment accepter qu'aujourd'hui l'âge moyen de départ à la retraite des salariés du privé soit de 61,9 ans, alors que celui des salariés de certains régimes "spéciaux" soit compris entre 55,1 et 54,4 ans ? Où est la justice ?
Enfin, introduire dans une démarche coordonnée et limitée une dose supplémentaire de capitalisation, comme cela se fait dans tous les pays européens, permettrait de stabiliser et de pérenniser un système de retraite indispensable au bon fonctionnement de notre société.
La France demeure la championne de la protection sociale. Les dépenses sociales (retraites, assurance-maladie, allocations familiales, indemnités chômage, aides au logement, minima sociaux...) devraient représenter 33 % du PIB cette année, estime l'OCDE. Mais en avons-nous encore les moyens ?