Après le baccalauréat général, deux systèmes s’affrontent en matière de formation supérieure. Ils sont d’autant plus déterminants que la succession de réformes à laquelle nous avons assisté ne garantit toujours pas à la fin du secondaire un niveau suffisant pour se lancer dans des études supérieures. La majorité des élèves n’ont pas la possibilité de faire un choix. Les meilleurs sont les meilleurs. Les autres n’ont pas le choix, ils vont à l’université. Quant aux moins bons, ils vont encombrer l’université sur des parcours trop souvent sans issue.
L’état actuel des études supérieures après un baccalauréat général
La première option du système, très sélective, nécessite deux années de préparation dans les meilleurs lycées. Après un concours, elle alimente les très grandes écoles, les grandes écoles et les autres écoles supérieures. L’autre option non sélective, a priori, suivant les universités fournit la masse des étudiants du supérieur. Un simple constat en fin de parcours montre que la première option a la faveur des gros employeurs pour enrichir leur base et garnir les étagères de la haute administration et des états-majors.
L’ensemble de ces écoles prestigieuses et universités de qualité ont malgré tout du mal à se situer au plan international. Les classements « Time Higher Education » et « QS World University Ranking » et Shangaï, sont les références mondiales. La France a tendance à ne pas les apprécier pleinement compte-tenu des éléments de sélection.
Même s’ils sont discutables suivant les critères d’évaluation, force est de constater que nos universités et de nos écoles de renom ne figurent pas en bonne position (14ème place pour Paris-Orsay et 39ème pour Normale-sup). On retrouve toujours les universités américaines et britanniques en tête et au meilleur rang. Elles occupent 17 des 20 premières places. Harvard, Stanford, le MIT et Berkeley constituent le quatuor de tête américain. Cambridge et Oxford font partie du lot.
Étudier, former et orienter d’abord, sélectionner ensuite…
Pourquoi ne pas favoriser au départ les formations de base dans un cycle commun par spécialités de deux ans à l’Université avec une présélection d’orientation en référence au choix et aux résultats des élèves. Cette formation supérieure de haut niveau aide à mieux apprécier la capacité des étudiants aux études et de comprendre leurs ambitions en rapport avec les besoins du marché de l’emploi pour satisfaire la demande.
Le parcours universitaire dans ce premier cycle permettrait à tous les étudiants d’apprendre à vivre ensemble sans concurrence, dans un meilleur état d’esprit, en meilleure confrontation à la réalité de la relation aux autres. Ces deux années passées à l’université seraient sanctionnées par un diplôme universitaire d’études supérieures (DUES).
Le choix intervient à l’issue de ce premier cycle.
Après l’obtention du DUES, la voie naturelle pour une majorité d’étudiants consiste à poursuivre sa formation universitaire dans les options choisies afin d’obtenir une licence, puis un master de spécialité. Peut-être certains voudront poursuivre leurs études jusqu’au doctorat avant d’entrer dans la vie active.
Pour les étudiants souhaitant intégrer une école, l’accessibilité est possible sans concours après ces deux années de formation en fonction de leurs notes universitaires et du nombre de places disponibles en liaison avec des quotas déterminés au préalable suivant la qualité des universités.
D’autres étudiants, titulaires de leur DUES, moins performants ou par simple choix préfèreront s’orienter vers des formations professionnelles. Cela est aussi possible.
Le parcours « grandes écoles » ou « universitaire », après le même nombre d’années d’études (5 ans) est sanctionnés par un diplôme de niveau équivalent à un Master 2 de spécialité.
En conclusion, il faut du courage pour faire des études supérieures à l’endroit !
La majeure partie des dirigeants à l’affût d’une élite et des politiques en charge du dossier confondent orientation et sélection. Pourtant si la France veut remonter la pente, retrouver sa place dans la communauté internationale, favoriser l’innovation et la créativité, elle doit élargir l’origine de ses élites. Former et orienter avant de sélectionner est la clé de la réforme.
Si l’enjeu est de taille, il n’est pas inaccessible. Il faut investir en masse dans la formation et la recherche, favoriser et valoriser le corps enseignant et les chercheurs. L’offre de débouchés à tous les niveaux de ces études supérieures « à l’endroit » est d’autant plus crédible que tous les secteurs de la vie économique, universitaire et industrielle seraient impliqués dès le départ.
Avant de parler du courage nécessaire pour se lancer dans une telle réforme, faut-il déjà en avoir la conviction et la volonté de la faire ?