Et si l’on prenait en compte le bien-être à l’école ?

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Par Vincent Chriqui Publié le 31 janvier 2013 à 1h38

Une majorité des jeunes bien à l’école, mais un climat fortement compétitif (source : enquête HBSC menée sous l’égide de l’OMS en 2010)

- Un 1/3 des élèves français déclarent « aimer beaucoup l’école » et un 1/3 l’aimer « un peu ». Ces chiffres nous situent dans la moyenne haute de l’OCDE. Cependant, on constate des différences entre les sexes et une détérioration avec l’âge.

- Avec 1 élève sur 2 estimant leurs résultats scolaires bons ou très bons, la France est très en dessous de la moyenne OCDE. Cette donnée s’avère préoccupante car la perception des résultats par les élèves est corrélée à leur motivation à travailler.

- Plus d’1/3 des élèves français considèrent être traités de façon injuste et inéquitable, contre 1/10 au Danemark ou aux Etats-Unis.

- On constate des difficultés relationnelles entre les élèves : seul 1 élève sur 2 français juge que ses camarades de classe sont gentils et coopératifs, contre 8/10 élèves suédois.

- De plus, les enquêtes de victimation montrent qu’1/10 élève français a été victime de harcèlement scolaire et 5 à 6 % de cyberharcèlement.

Globalement, si les élèves français ont une appréciation majoritairement positive de l’école, ils se distinguent par une représentation de l’avenir professionnel très conditionnée par le niveau et le domaine d’études, qui est se manifeste par une forte concurrence entre les meilleurs élèves et un sentiment de démotivation chez les autres.

La promotion du bien-être des élèves passe par une approche globale

Certains pays ont mis en œuvre des programmes nationaux ambitieux pour lutter contre la violence scolaire avec des évaluations scientifiques rigoureuses, tels le programme finlandais KIVA et le programme allemand Mediahelden (cyberharcèlement). Nous proposons donc que de tels programmes de prévention de la violence scolaire soient généralisés en France, ce qui implique de former les personnels éducatifs.

Si la suppression de tout système d’évaluation ne semble pas une bonne voie, la mise en œuvre de nouvelles modalités d’évaluation peut offrir une piste afin de restaurer le sentiment de justice éducative : contrôles-type diffusés en amont de séances de questions-réponses avec l’enseignant ; système des lycées finlandais où les élèves peuvent repasser les évaluations s’ils ne sont pas satisfaits de leur note. Nous proposons donc que de telles pratiques évaluatives soient promues en France.

L’amélioration du bien-être des élèves passe aussi par le développement de la coopération entre les élèves. Dans les pays nordiques, les méthodes horizontales d’enseignement (projets collectifs, exposés, etc.), favorisent ainsi l’entraide. Sur le même modèle, la France gagnerait à systématiser la réalisation de travaux collectifs tout au long du cursus scolaire.

En outre, le développement d’activités extracurriculaires après les cours pourrait contribuer à fédérer les élèves, et plus généralement la communauté éducative, autour de projets collectifs. Nous poussons donc à valoriser les projets fédérateurs en organisant par exemple des concours au niveau académique, qu’il s’agisse de projets culturels ou informatiques.

Enfin, il nous semble qu’approfondir la réflexion sur le bâti scolaire, comme agent d’apprentissage et de bien-être en soi, s’impose. Nous proposons de mettre en place une base de ressources de bonnes pratiques en matière d’aménagement des espaces scolaires.

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Vincent Chriqui est le Directeur général du Centre d’analyse stratégique.