Allocations familiales : le gouvernement hésite à réduire les allocs des plus aisés ou à rogner le quotient familial

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Par Laure De Charette Modifié le 29 mai 2013 à 2h49

Ce n'est plus une surprise, les familles aisées qui perçoivent encore les mêmes allocations familiales que les familles en difficulté vont devoir renoncer en partie à cette aide de l'Etat. Le Haut Conseil de la Famille estime en effet qu'il faut réduire les dépenses en la matière de 2,2 milliards d'euros. Mais comment faire ? Le gouvernement réfléchit actuellement à la méthode à utiliser : faut-il réduire les allocs des familles aisées ou augmenter (encore) leurs impôts ?

Jusqu'à présent, la première piste tenait la corde, celle de la fiscalisation des allocations familiales, c'est-à-dire de leur taxation, ayant été définitivement abandonnée. L'idée était de verser des allocations familiales en fonction du revenu du ménage, et non plus comme aujourd'hui en fonction du nombre d'enfants à charge. Plus vous étiez riche, et moins vous recevriez de l'Etat ! Ainsi à partir de 7 100 euros de revenus par mois pour un couple avec deux enfants, les prestations seraient divisées par quatre.

Mais une autre piste se dessine à présent : la réduction du quotient familial. Ce dispositif fiscal permet aux familles de réduire leur impôt via le nombre de parts que représente chaque enfant (les deux premiers comptent pour une demi-part, les suivants pour une part). Là encore, seuls les ménages aisés seraient visés. L'idée serait de ramener ce quotient de 2 000 à 1 500 euros. Environ 1,1 million de ménages jugés aisés paieraient dès lors en moyenne 68 euros d'impôt de plus par mois, sachant que plus ils auraient d'enfants et plus la facture s'alourdirait (42 euros supplémentaire à payer en impôt pour un ménage avec un enfant, 250 euros avec quatre enfants).

Ces deux systèmes permettraient de réaliser des économies importantes. La seule différence, c'est que le premier ne concernerait pas les ménages n'ayant qu'un enfant, tandis que le deuxième les impacterait bel et bien. En outre, la deuxième piste, celle du quotient, est jugée plus simple à mettre en œuvre que la modulation. Même si elle revient ni plus ni moins à une nouvelle hausse d'impôts, alors que le président de la République lui-même avait juré qu'il n'y en aurait plus...

Jusqu'à aujourd'hui, les célèbres allocations familiales, créées en 1938, sont versées avec un barème progressif qui augmente en fonction du nombre d'enfants et sans tenir compte des revenus du ménage, en vertu d'un principe d'égalité. Selon la Caisse nationale d'allocations familiales (CNAF), 73% des familles en touchent. Cela fait des décennies que l'idée de les verser en fonction des revenus des parents est évoquée –Raymond Barre en parlait déjà en 1987 !-, sans que jamais personne n'ose passer à l'acte. Seul Lionel Jospin l'a fait : il avait alors plafonné les « allocs » à 25 000 francs (3 800 euros) par mois par foyer, privant ainsi 351 000 foyers d'aides et permettant par la même occasion à la Cnaf d'économiser 837 millions d'euros d'économies.

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.