Tout est une affaire de symbole : Peugeot était entré dans l'oeil du cyclone médiatique pour avoir osé annoncer l'impensable : la fermeture d'une usine. Chez Renault, on fait dans la "finesse". En discussion sérrées avec les syndicats pour travailler sur l'amélioration de la productivité des usines Renault, autre manière de dire que le constructeur automobile, dont les ventes ont chuté de plus de 20 % l'an dernier en France, est en sureffectif, la direction de la Régie envisage de supprimer progressivement plus de 7500 postes, soit près d'un cinquième de ses emplois ouvriers en France ! Or, quand on se souvient que Renault produit près de deux fois moins de voitures en France comparé à Peugeot, cela revient quasiment à la même chose que le plan social annoncé chez Peugeot.
L'objectif de la régie Renault est d'arriver à économiser près de 400 millions d'euros par an en année pleine, quand les mesures de suppressions d'emplois auront été entièrement prises. La Régie, pragmatique, considère que les ventes 2011 sont le reflet de son potentiel de ventes normal, soit 2,7 millions d'automobiles. Et tant pis si 2012 était bien pire, et pourrait être en fait la vraie référence pour l'avenir...
La bonne nouvelle, c'est qu'en étalant son plan social sur trois ans, ces suppressions d'emplois n'en sont justement pas un, de plan social. Renault compte essentiellement ne pas renouveler des CDD et contrats d'intérim, ne pas renouveler les départs à la retraite, voire, les aider un peu, pour arriver à atteindre ses objectifs. Pour convaincre les syndicats de laisser faire, laisser passer, la direction de Renault rappelle délicatement que son programme de réduction des effectifs ne signifie pas la fermeture d'une usine, et donc, la perte sèche d'emploi pour des milliers de salariés, quand bien même on leur proposerait d'aller travailler dans une autre usine du groupe, et par la même de changer de vie.
En Europe, la plupart des autres constructeurs automobiles en difficulté, à commencer par Peugeot, ont dû fermer une usine pour réduire leurs capacités de production.