France : Quel redressement productif ?

800px Christian Harbulot
Par Christian Harbulot Modifié le 4 juillet 2012 à 4h08

Depuis des années, les politiques ont pris la très mauvaise habitude de définir le champ de leurs idées en s’alignant sur les résultats des sondages.

La réindustrialisation de la France implique un changement dans la gouvernance. Pour l’instant, les mesures prises par la nouvelle équipe gouvernementale sont encore très timides. Si la détection des entreprises en difficulté est une priorité, elle ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. Le défi du redressement productif passe avant tout par une vision claire des choix de moyen/long terme à prendre hors du cadre des sondages d’opinion. Le politique doit donc redevenir stratège. Dans le cas contraire, il échouera dans sa mission.

Pour enrichir la France et localiser sur son territoire de l’activité industrielle, le politique a le devoir de faire des choix et de les revendiquer, sans pour autant jeter à la poubelle certaines initiatives prises par le gouvernement précédent. Comme par exemple, l’amorce de réflexion sur une réforme du label made in France pour les produits agroalimentaires. Ce secteur clé de l’économie française est devenu un enjeu économique en termes de qualité et de sécurité sanitaire. La gauche aurait bien tort de tourner le dos à un des enjeux majeurs du développement durable. L’échec des Etats-Unis dans le mode d’alimentation d’une importante partie de la population du continent nord-américain devrait amener ses experts à une analyse plus poussée des effets négatifs du consumérisme.

Sur la question des choix, le politique peut devenir stratège sur les dossiers où le monde industriel n’arrive pas à générer un terrain d’entente constructif entre chefs d’entreprise. L’industrie numérique est un exemple parmi d’autres. Nous avons les capacités d’innovation, les chercheurs et les inventions, des start up dynamiques mais sous capitalisées. Ces avantages préfigurent des défaites industriels si le politique n’arrive pas à s’imposer comme le chef d’orchestre d’une grande stratégie de portée européenne. Sans la structure particulière du Commissariat à l’Energie Atomique, la France n’aurait jamais maîtrisé le nucléaire pour fabriquer l’électricité la moins chère d’Europe. Rappelons pour mémoire que le politique fut à l’origine de cette démarche dans la période chaotique de la IVe République. Autrement dit, tout est possible, y compris en contexte de crise.

Et ne cherchons pas de fausses excuses pour se défausser en termes de responsabilité stratégique sur un monde de l’entreprise qui ne sait plus comment faire pour affronter les champions nationaux du reste du monde ou sur une hypothétique solution européenne qui reste à définir.

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

800px Christian Harbulot

Christian Harbulot est directeur de l'École de Guerre Économique et directeur associé du cabinet de conseil Spin Partners, spécialisé en intelligence économique et lobbying.