C'était une promesse présidentielle, mais en même temps, François Hollande avait fait promettre à ses ministres qu'ils ne feraient pas cavalier seul sur des annonces. Patatra : Vincent Peillon, le ministre de l'Education Nationale, a anonncé hier dans son coin mais sur France Culture tout de même qu'il allait "avoir a recruter 40 000 professeurs" en 2013.
Aussitôt, Jean-François Copé, le secrétaire général de l'UMP, a crié au scandale : "En année pleine, à la fin du quinquennat, cela veut dire sept milliards de plus par an, sans compter que la carrière d'un professeur, c'est 40 ans plus la retraite". Un chiffrage dont le candidat à la présidence de l'UMP n'a pas donné le calcul, mais qui nous laisse dubitatif à Economie Matin, où les chiffres sont un peu notre dada : Lorsque l'on sait que le budget de l'Education Nationale représente 60,5 milliards en 2011 (première dépense de l'Etat) et que les traitements des fonctionnaires pèsent 94,5 % de ce montant... Et que l'Education Nationale, c'est une petite armée de 928 458 enseignants en 2011, pour un total de 1 108 217 personnels (INSEE), on se demande bien où Jean-François Copé est allé pêcher ce chiffre de 7 milliards même en prenant en compte la charge future des retraites, qu'il prend soin d'ailleurs de séparer de son calcul ("plus la retraite" sic).
N'empêche : la réduction des déficits publics ne s'accomode pas forcément bien du recrutement de nouveaux fonctionnaires, d'autant que l'Education Nationale a été décriée par maintes études qui montraient qu'un trop grand nombre d'enseignants n'étaient pas utilisés dans leur fonction naturelle, et que le nombre de personnels administratifs non enseignants était trop élevé par rapport aux professeurs. Dans la réalité, ce chiffre de 40 000 professeurs est plus un effet d'annonce qu'une réalité. Le ministère de l'Education Nationale s'est empressé de préciser que les créations pures représenteraient 10 000 postes. 22 000 sont en fait des remplacements de départs à la retraite. Quant aux 8000 restants, le ministère explique que le Budget 2013 qui sera présenté la semaine prochaine donnera plus de détail, et sans doute aussi sur les dépenses induites par ces 40 000 "nouveaux" professeurs.