40% de chanson française, et vive la préférence nationale !

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Par Philippe Herlin Modifié le 17 juin 2016 à 8h32
Radio France Musique Chanson Francaise
pixabay - © Economie Matin
40 %L'Etat impose 40 % de chanson française dans la programmation musicale des radios françaises.

L’ORTF est mort mais pas complètement en fait, le gouvernement vous oblige à écouter 40 % de chanson française, véridique !

Dimanche dernier dans le Journal du dimanche, 1800 artistes ont signé une pétition à l’initiative de la SACEM demandant le respect des quotas de chanson française sur les radios. Celles-ci doivent en effet diffuser 40 % de chansons en langue française dans leurs programmes, c’est la loi qui l’impose, et pour ces chanteurs (Jean-Jacques Goldman, Francis Cabrel, Véronique Sanson, Charles Aznavour, Benjamin Biolay, etc.), il est hors de question d’y déroger : "Les quotas, c’est la mère de toutes les batailles, ils représentent une protection de l’auditeur contre une forme d’asphyxie culturelle."

Il est piquant de voir les artistes défendre la préférence nationale, et d’ailleurs, Marion Maréchal Le Pen ne s’y est pas trompée en leur apportant son soutien. Les artistes, premiers à hurler contre le Front National, reprennent l’une des principales mesures de son programme ! Ils défendent la "liberté de création", mais si tu ne chantes pas en français, va jouer dans le bac à sable d’à côté avec tous les autres. Ils défendent l’ouverture des frontières, mais protègent mordicus leur pré carré.

Comme toute contrainte, celle-ci génère des effets pervers : plus de la moitié des diffusions de chansons francophones est focalisée sur 10 titres ! La règle profite en fait aux chanteurs les plus célèbres. Le gouvernement souhaiterait obliger à plus de diversité en limitant le nombre de diffusions journalières d’un même titre. Les radios, elles, dénoncent une réglementation d’autant plus décalée à l’heure où les gens consomment de plus en plus la musique via les sites de streaming ou les webradios.

Cette obligation légale date de 1996, il ne nous semble pas qu’auparavant la chanson française était marginalisée et rabougrie. Michel Sardou, Johnny Halliday, Jacques Brel, Georges Brassens, Claude François, Joe Dassin, Enrico Macias, Dalida, Daniel Balavoine, Serge Gainsbourg, Françoise Hardy, Nicoletta, Sylvie Vartan, Eddy Mitchell, Julien Clerc, n’ont pas eu besoin des quotas pour émerger. Que compte-t-on comme chanteur français important depuis 1996 ? Ah si, n’oublions pas les rappeurs…

Il s’agit de lutter, selon les signataires, contre "une forme d’asphyxie culturelle", la musique pop anglo-saxonne en l’occurrence. Fort bien, on leur suggère aussi de se battre sur le terrain de la musique.

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Philippe Herlin est économiste, Docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers, il a publié plusieurs ouvrages chez Eyrolles et rédige des chroniques hebdomadaires pour Goldbroker. Il écrit tous les vendredis un article sur l'art et la culture vus à travers l'économie, et intervient ponctuellement sur d'autres sujets. Son site : philippeherlin.com.