PSG vs Manchester United ou la partie de Monopoly Football

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Par Louis-Marie Valin Modifié le 3 mars 2019 à 0h16
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@shutter - © Economie Matin
4,4 MILLIARDS €Une offre gigantesque de 4,4 milliards d'euros émanant du prince Mohammad Ben Salman pour racheter Manchester United.

Mercredi 6 mars, le PSG affronte Manchester United en 8e de finale retour de Ligue des Champions. C'est pour l’instant un match de football mais demain, ça pourrait être un affrontement sportif entre deux pays du Golfe aux relations tumultueuses.

Depuis près de deux ans, une crise diplomatique majeure oppose le Qatar à ses voisins du Golfe avec à leur tête l'Arabie Saoudite. Ces tensions pourraient vite se reporter sur les terrains de football.

Une offre d’achat démesurée pour Manchester United

Depuis Le Printemps Arabe, le Golfe Persique est de nouveau déchiré. En raison de son soutien aux Frères Musulmans, le Qatar s’est mis à dos l’Arabie Saoudite et par effet de domino, bon nombre des autres pays de la région. Une crise toujours très vivace puisque les relations diplomatiques entre les deux pays sont aujourd’hui officiellement rompues. Une situation particulièrement instable qui pourrait bientôt avoir un relais plutôt inattendu sur les terrains de sport.

En effet, si la rencontre PSG - Manchester United n’est aujourd’hui qu’un huitième de finale retour parmi d’autres en Ligue des Champions, la donne pourrait rapidement changer puisque MU dit le club le plus riche du monde pourrait bien passer sous domination saoudienne alors que son rival parisien bat pavillon qatari. C’est en tout cas ce qu’avance la semaine dernière le Daily en évoquant une offre gigantesque de 3,8 Mds £ (4,4 milliards d'euros) émanant du prince Mohammad Ben Salman qui serait actuellement entre les mains de la famille de Malcolm Glazer, le patron des Red Devils. Rien ne dit que l'Américain soit prêt à céder son jouet et, si certaines sources affirment que sa première réaction aurait été de repousser les avances, il se murmure cependant que le montant exorbitant le ferait réfléchir.

Une chose est certaine, les Saoudiens seraient particulièrement enthousiastes et voudraient boucler le rachat dans l'année. C’est d’ailleurs cet intérêt soudain de l’Arabie Saoudite pour le football qui prête à réflexion. En effet, alors que le Qatar a depuis longtemps construit sa stratégie de communication diplomatique autour de ses investissements sportifs, ce n’est pas le cas de la monarchie islamique de Riyad. Serait-ce un moyen de venir concurrencer un pays avec lequel elle est en froid ? Rien ne permet de le dire mais il est certain que cette nouvelle confirme un déplacement progressif de l’épicentre du football.

Un glissement d’influence vers l’Asie

En effet, créé comme beaucoup d’autres par les Britanniques, le sport le plus populaire de la planète est longtemps resté une chasse gardée des Européens tant sur le plan financier qu’institutionnel. Il suffit de constater la localisation suisse de la FIFA et son management pour s’en convaincre. Pourtant cette donne tend à évoluer. Dans une économie toujours plus globalisée où les pays émergents rivalisent de croissance alors que leurs homologues européennes plafonnent au mieux, les investisseurs viennent désormais de partout et notamment du Golfe. Le football ne fait pas exception et une tectonique des plaques est en cours qui voit les rapports de forces s’équilibrer et les centres névralgiques se déplacer.

Après les disparates incursions russes puis américaines au tournant des années 2000, symbolisées notamment par Gillett (Liverpool), Glazer (MU), Abramovich (Chelsea)... c’est donc désormais du côté du Moyen-Orient qu’il faut regarder pour trouver les grands argentiers du ballon rond. Le très puissant Qatar en est ainsi le meilleur exemple. Entre le développement de son académie Aspire, les investissements massifs dans BeIn Sports, le rachat du PSG ou l’organisation de la Coupe du Monde 2022, le géographiquement petit émirat est devenu un géant de notre sport dont il se sert comme d’un outil majeur de son développement et de sa diplomatie. Tout comme Abu Dabi, propriétaire de Manchester City, l’Arabie Saoudite semble également désireuse d’emboiter le pas à son rival qui a parfaitement réussi à se mettre en lumière sur la scène internationale en une petite décennie malgré un historique presque inexistant.

On pourrait donc rapidement retrouver trois géants européens aux mains de fonds souverains du Golfe. Une situation inédite qui préfigure certainement la réalité de demain tant l’avenir économique du football s’est internationalisé pour ne pas dire globalisé. En effet, cette domination du Moyen-Orient ne s’apparenterait presque qu’à une transition vers une arrivée massive de l’Asie au sens plus général du terme. Chinois, Indiens, Indonésiens,Japonais, Thaïlandais, ils sont ainsi nombreux les nouveau milliardaires à vouloir mettre un pied en Europe par le biais du football. Milan AC, Lyon, Leicester, Nice… de plus en plus de clubs ont ainsi recours à des investisseurs minoritaires venus d’Asie et ce n’est qu’un début.

Si sportivement, le football reste pour l’heure la chasse gardée quasi exclusive de l’Europe et de l’Amérique du Sud, une chose est certaine, le soleil de son business semble désormais se lever à l’Est...

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Louis-Marie Valin est consultant expert sport. Auprès d’agences ou d’annonceurs, il intervient sur des problématiques de communication, sponsoring, événementiel ou entreprenariat. Il est également membre de l’Observatoire du Sport Business et fondateur du site sport-vox.com.