Affaire PSA : quelles sont les clés du problème ? (2/2)

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Par Charles Sannat Modifié le 16 juillet 2012 à 12h46

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Des doutes importants sur l’intérêt d’un rapprochement GM/PSA.

De nombreux analystes financiers restent dubitatifs sur la pertinence de cette alliance.

Cette opération semble déséquilibrée. Dans ce type d’alliance, l’avantage est pour le petit, en l’occurrence PSA, qui a tout ou presque à y gagner, mais quel est l’intérêt pour GM à moins d’envisager une cession progressive d’Opel au Groupe PSA qui n’est pour le moment en aucun cas officiellement un sujet de discussion.

PSA pourrait également améliorer sa position en Chine où le Groupe a enchaîné depuis plus de 20 ans déboires sur déboires.

Néanmoins, de l’autre côté de l’Atlantique, l’annonce de cette nouvelle laisse encore plus sceptique.

Pourquoi GM, recapitalisé par l’Etat américain, va-t-il accentuer son exposition en Europe, où sa filiale Opel a perdu plus de 11 milliards d’euros depuis 1999 ?

Dans un contexte d’excédent de capacité de production, de baisse des volumes et des prix, alors que les deux entreprises partagent des difficultés identiques, les économies d’échelle sont peu probables compte tenu des faibles performances des maigres profits voire des pertes réalisées par ces deux entreprises.

Les experts sont d’autant plus dubitatifs que la famille Peugeot, qui reste le premier actionnaire de PSA (avec environ 25 % du capital), n’est pas réputée pour se laisser dicter sa conduite alors que GM non plus, ce qui pourrait augurer des débuts d’alliance difficiles.

Le problème iranien

Passée presque inaperçue, cette nouvelle a fortement dégradé les comptes du Groupe.

En effet, depuis quelques semaines, PSA a cessé ses livraisons à Iran Kohdro, son partenaire iranien, qui représentaient un cinquième de ses ventes mondiales en volume et… son deuxième marché en nombre d’unités vendues.

Le groupe français a en effet mis un coup d’arrêt définitif à ses exportations vers l’Iran, où il livrait des 405 et des 206 en pièces détachées à son partenaire de longue date Iran Khodro, le constructeur local.

Officiellement, selon le porte-parole constructeur français : « Les sanctions contre l’Iran se sont durcies depuis le début de l’année. Les banques occidentales ne peuvent plus travailler avec les banques iraniennes, et l’on ne peut plus financer nos activités. »

Cet arrêt brutal est a priori lié à la situation géopolitique toujours tendue entre Washington et Téhéran. Sur fonds de négociations et d’alliance avec GM qui posaient en préalable l’abandon de toutes activités commerciales avec l’Iran. GM, d’ailleurs de son côté, assume à demi-mot.

En 2011, l’Iran était le deuxième marché après la France avec 458 000 véhicules. Cela dit, ces ventes de voitures en kit généraient moins de 3% des recettes mondiales du groupe.

Mais dans un contexte déjà très tendu, c’est effectivement une mauvaise nouvelle notamment pour l’emploi et en particulier pour l’usine de Vesoul, dédiée aux pièces de rechange et à l’expédition de pièces détachées à destination du marché iranien.

Enfin, toujours sur le volet iranien de PSA, Marc Wallace, directeur de l’UANI (United Against Nuclear Iran) et ancien ambassadeur américain aux Nations unies, a appelé le Congrès à enquêter sur l’alliance PSA-GM et a déclaré que « GM doit à ses investisseurs et clients de forcer Peugeot à mettre fin à ses activités en Iran ».

Tout semble donc indiquer que PSA doit mettre fin à toute collaboration avec l’Iran, si le constructeur français souhaite voir l’alliance avec GM se poursuivre, alors qu’outre-Atlantique, la pression devient désormais politique.

Des sureffectifs bien connus

L’annonce de 8.000 suppressions d’emplois d’un coup est un symbole fort mais le groupe ne cesse depuis des années de dégraisser, signe qu’il dispose d’effectifs en surnombre dans une industrie à la pointe de l’automatisation.

Spécialiste de l’industrie, le site Usine nouvelle a ainsi listé les emplois supprimés chez PSA depuis 2006, une cascade de chiffres qui fait peur :

7.000 en 2006, 5.090 en 2007, 5.700 en 2009 et 6.800 en 2011.

Les 8.000 suppressions de postes annoncées jeudi ne font que confirmer ces sureffectifs et sont à peine plus importantes que les suppressions d’emplois ayant eu lieu en 2007…

L’agacement manifesté par nos politiques semble donc hors de propos et motivé par d’autres considérations.

Les actionnaires ont-ils perçus trop de dividendes ?

Côté syndicats, on aime à dire que : « pour satisfaire les actionnaires, ce sont les salariés qui vont payer. La distribution des dividendes représente 50% des résultats en moyenne sur cinq ans ».

Il faut cependant nuancer la vision syndicale. Si PSA a bien versé un dividende de 2001 à 2007 puis en 2010, il s’est abstenu de le faire en 2008, 2009 et 2011 lors des années les plus difficiles. Les actionnaires de PSA ne sont donc pas que des monstres froids pillant une entreprise mais aussi une famille d’actionnaires depuis la création et les origines du Groupe.

PSA est même moins sensible que les autres entreprises aux « licenciements » boursiers, le constructeur ayant souhaité privilégier le marché français et l’emploi en France.

Rumeurs de marchés

Selon certaines rumeurs de marché, le titre PSA ferait l’objet de ventes à découvert massives de la part d’investisseurs anglo-saxons qui passeraient notamment par la Barclays… ce qui serait corroboré par les volumes d’échanges.

L’Etat français ne laissera pas tomber PSA. Ce qui est sûr, c’est que derrière toutes les fanfaronnades actuelles se cachent de véritables enjeux sociaux certes, mais également géopolitiques.

PSA ne fera pas faillite. Ses fonds propres sont élevés, ses structures industrielles bien réelles. Les difficultés du marché automobile ne doivent pas faire oublier que PSA est une très grande entreprise.

Pour tout vous dire, moi qui aime à me tenir éloigné des marchés boursiers ces derniers temps, je suis tenté de rentrer sur PSA (ce que je n’ai pas fait pour le moment) pour jouer une recovery avec annonce du plan de soutien au secteur par le gouvernement le 25 juillet et les rachats de ventes à découvert qui peuvent provoquer des mouvements de hausse très rapides.

Ce n’est qu’un avis, donc agissez avec prudence, et uniquement pour une somme négligeable dont vous n’avez pas besoin. Je n’ai jamais gagné beaucoup d’argent en bourse car je ne joue que les sommes dont je n’ai pas besoin… et puis jouer l’argent du ménage à la bourse vous n’y pensez pas… vous ne connaissez pas ma femme !! D’ailleurs il faut que je lui en parle. Chérie, demain on rachète PSA, ça nous coûtera moins cher que de leur acheter une voiture neuve…

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.