Que contiendra la nouvelle loi ?
Le 10 avril, durant l'examen au Sénat de la loi Macron, l'amendement d'une députée a été voté : une fois la loi promulguée, les grandes surfaces (plus de 1 000 m2 ) pourront donner leurs invendus. Si cette pratique existe déjà, il s'agit de l'encadrer par une loi. La semaine dernière, un député a remis au gouvernement un rapport avec des propositions allant dans le même sens : lutter contre le gâchis alimentaire. Il préconise d'interdire aux supermarchés de jeter de la nourriture (ce qui ne revient pas à les obliger à donner). Mais il suggère que le don ne soit obligatoire que quand les associations le demandent, autrement dit, quand elles peuvent le gérer. Le député encourage d'autres mesures, comme « solder » les produits proches de la date de péremption et revoir les systèmes de DLC et de DDM, car certains délais lui semblent trop courts et d'autres, inutiles (exemples : sel, vinaigre?).
Que font les grandes surfaces des invendus ?
Des mesures incitatives (moins d'impôts) existent déjà pour qu'elles donnent aux associations. Ainsi, les enseignes distribuent chaque année l'équivalent de 120 millions de repas. Le reste de la nourriture invendue est transformée (méthanisation et compost), des fruits et des légumes sont confiés aux industries alimentaires pour fabriquer des jus et des soupes, le reste est détruit. « Le maximum est fait pour limiter ces déchets : nous n'avons aucun intérêt à jeter de la nourriture », avance Fabienne Prouvost, porte-parole de la FCD.
Que récupèrent les associations ?
Ce qui est encore consommable. « Les marchandises sont retirées des rayons deux ou trois jours avant la DLC, car les clients ne les achètent plus », explique Fabienne Prouvost. Yaourts, plats préparés, fromages? sont ainsi vite redistribués. « Les dons des supermarchés ont un peu baissé, car leurs stocks sont désormais mieux gérés, indique Solène Job, porte-parole des Banques alimentaires. N'oublions pas qu'ils restent nos premiers donneurs, avec plus d'un tiers de la nourriture que nous recevons (devant les industriels, les agriculteurs, les collectes auprès des particuliers?). »
Les supermarchés peuvent-ils donner davantage ?
« On donne déjà tout ce qu'on peut », affirme Fabienne Prouvost. La loi leur interdit de distribuer les produits dont la DLC est dépassée. Idem quand les emballages sont percés. Impossible aussi de donner certains produits comme la viande hachée, le poisson?, car « la chaîne du froid est fondamentale et le risque d'intoxication alimentaire, trop élevé ». La pratique consistant à asperger la nourriture d'eau de javel dans les poubelles est souvent dénoncée. « Oui, des enseignes détruisent des aliments dans les poubelles quand celles-ci sont accessibles au public. C'est de notre responsabilité : personne ne doit manger cette nourriture périmée. »
Les associations peuvent-elles recevoir davantage ?
Elles admettent qu'il est dur de récupérer les aliments fragiles (poisson, gâteaux à la crème?). L'effort est à fournir ailleurs. « Les directions de la grande distribution signent des accords avec les associations, mais les responsables de chaque magasin ont ensuite toute latitude de donner ou non. Selon nous, il est possible de travailler avec davantage de supermarchés sur tout le territoire, estime Solène Job.
C'EST QUOI ?
La grande distribution
Ou « commerce au détail ». Secteur qui regroupe des magasins en libre-service. Dans l'alimentaire, on parle de supérette, de supermarché et d'hypermarché selon leur taille. En France, en 2009, plus de 60 000 magasins alimentaires étaient ouverts. Les principales enseignes sont Auchan, Carrefour, E. Leclerc?
L'aide alimentaire
Associations organisant la collecte, le stockage et la redistribution de nourriture aux plus démunis. Les principales sont les Restos du C?ur, le Secours populaire français, la Croix rouge française et Les Banques alimentaires.
DLC et DDM
La mention « à consommer jusqu'au? » est la date limite de consommation (DLC). Une fois dépassée, il y a un danger pour la santé. « À consommer de préférence avant le? » est la date de durabilité minimale (DDM) (remplace la DLUO, date limite d'utilisation optimale). Pas de danger, mais une moins bonne qualité.
Cet article est extrait de l'Eco, hebdo destiné aux 12-16 ans.
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