4,9 milliards d’euros. C’est la somme astronomique que Jérôme Kerviel, ancien trader de la Société Générale, pourrait être condamné à verser à l’issue de son procès en appel qui s’achève ce soir - mais dont la décision ne sera vraisemblablement connue qu'à la rentrée. Une peine « exemplaire et dissuasive » réclamée par l’accusation. Retour sur l’histoire de l’employé le plus cher de France.
24 janvier 2008. Le directeur financier de la Société Générale, Frédéric Oudéa, annonce lors d’une conférence de presse, une perte record de 4,9 milliards d’euros. L’entreprise les impute à un de ses traders, Jérôme Kerviel. La banque augmente son capital de 5,5 milliards d’euros pour compenser la perte et poursuit en justice son employé.
Les faits sont avérés. Le trader a procédé à des opérations financières risquées dont il a masqué les effets par une manipulation d’une partie du système informatique de la banque. Une faute que reconnaît le diplômé de l’université de Nantes, mais il rejette la responsabilité de la perte sur son employeur. Il met en cause un dysfonctionnement des mécanismes de contrôles de la Société Générale - carences du système reconnus et condamnés par la commission bancaire qui impose 4 millions d’euros d'amende à l'entreprise le 4 juillet 2008.
Ce type d’opérations à risques, l’opérateur de marché affirme les avoir menées à plusieurs reprises et, même, y avoir été encouragé par sa hiérarchie. De fait, ses supérieurs étaient au courant des pratiques qu’il employait depuis, au plus tard, le 4 juillet 2005. Le trader parie alors sur la chute de l’action Allianz et investit massivement. Il gagne. La Société Générale génère 500 000 euros dans l’opération. Il se fait féliciter pour le gain et réprimander pour la méthode employée. En 2007, Jérôme Kerviel procède à une opération du même type. Sa banque perd 1,5 milliard au premier semestre 2007 et gagne 3 milliards au second.
En 2010, lors du procès de l’employé de la SocGen, son ancien supérieur Eric Cordelle affirme ne rien savoir des techniques employées par son subalterne. Il n’a « rien vu, rien entendu, rien compris ». Sa hiérarchie se défausse de toute responsabilité. L’avocat de l’entreprise parle d’un « pervers manipulateur ». Jérôme Kerviel parle de machination - thèse qu'il défend encore aujourd'hui. Le tribunal le condamne. Il est reconnu seul responsable des 4,9 milliards de perte qu’a dû essuyer son entreprise, il doit rembourser la perte et purger cinq ans de prison dont trois fermes.
Aujourd’hui, les chances de remporter son appel sont minimes pour le trader. Il l’écrivait en 2008. Cela n’a jamais été plus vrai, l’opérateur financier est « dans une grosse merde ».
Par Stéphan Harraudeau
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