Les salons de l’emploi se sont fortement développés ces dernières années et ont rencontré un certain succès car ils remettent l’humain au cœur du système. Candidats et recruteurs se rencontrent donc en direct sur les stands de ces derniers et le candidat a donc la possibilité de « défendre » sa candidature en direct.
L’avantage évident d’un salon pour l’emploi est que les candidats ne sont pas présélectionnés par rapport à leur CV mais bien en fonction de leur premier « entretien » sur le stand et cela permet donc à des candidats « atypiques » de pouvoir avoir une chance de démontrer leur motivation alors que leur CV n’aurait probablement pas passé la première barrière dans le cas d’une procédure dite « normale ».
L’épluchage du CV en interne ne vient donc que dans la seconde phase, après que le candidat ait eu l’opportunité de passer un premier entretien sur le stand. Bien évidemment, si le recruteur présent sur le salon a reçu des instructions lui demandant d’écarter des CV ne correspondant pas stricto sensu au profil recherché, le principal avantage du salon pour l’emploi, à savoir le premier contact recruteur-candidat, est alors réduit à néant.
Cependant, malgré l’avantage significatif que présentent les salons pour l’emploi, il existe aussi un revers à la médaille.
Tout d’abord, ils sont épuisants. A la fois pour les candidats et pour les recruteurs. Quiconque a déjà participé à un salon professionnel (qu’il soit lié à l’emploi ou à toute autre activité) sait qu’une journée de salon est totalement épuisante. Le bruit, la foule, l’intensité des rencontres et surtout la répétition perpétuelle de la demande ou de l’offre en font de véritables journées marathon. L’être humain n’étant pas une machine, la productivité des recruteurs et des chercheurs d’emploi va donc diminuer au fil de la journée. Les entretiens de milieu et de fin de journée ne seront pas aussi efficaces que les premiers.
De même, tenter d’accéder aux offres d’emplois diffusées sur les murs de certains stands relève parfois d’un véritable parcours du combattant. Là encore, la productivité est donc fortement réduite.
En outre, la gestion du temps n’est en aucun cas optimisée. Il faut souvent faire 25 minutes de queue à un stand pour pouvoir discuter deux ou trois minutes avec un recruteur. Il faut donc une journée complète pour accomplir ce qui pourrait l’être en moins de 2 heures. Une chaîne d’entretiens programmés en visio-conférence ferait gagner un temps considérable à tous et serait tout autant efficace qu’un face à face réel.
Enfin, et pas des moindres, la couverture géographique d’un salon est fortement limitée. Un salon ayant lieu à Paris a peu de chances d’attirer des candidats de Marseille par exemple. Or, la mobilité géographique nationale (et de plus en plus, internationale) devenant souvent une nécessité pour évoluer professionnellement, il est dommage de limiter la rencontre de l’offre et de la demande à un secteur géographique réduit.
Il me semble donc que l’avantage essentiel des salons pour l’emploi, à savoir la possibilité pour un candidat de « défendre » sa candidature avant que son CV ne soit évalué est malheureusement largement contrecarré par la faible productivité des mises en relations et par le rayon d’action géographique très limité des mises en contact.
Ces salons sont souvent très chers et ce budget pourrait être fortement réduits si les salons « réels » mutaient en salons virtuels. Certaines entreprises proposent ce type de service, Pôle Emploi, lui-même organise ce type d’évènement mais tout cela reste très marginal au regard du taux de chômage que connait notre pays.