Les Galeries Lafayette proposent de racheter Le Printemps… avec les Qataris

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Par Laure De Charette Modifié le 22 février 2013 à 6h35

Et si on rachetait le Printemps ensemble ? C'est exactement la proposition qu'a faite le patron du groupe Galeries Lafayette aux Qataris, comme il l'explique dans une interview au Figaro. Les deux sont intéressés par le rachat du groupe Printemps et ses 16 magasins en France. Alors pourquoi pas une alliance ? Sauf qu'il est un peu tard : des négociations exclusives ont commencé mercredi... sans lui ! Hors-jeu les Frenchies ? 

« Un vrai projet industriel fondé sur l'art de vivre à la française et l'attrait touristique de Paris ». Philippe Houzé, le PDG du groupe Galeries Lafayettes, qui est deux fois plus gros en termes de chiffres d'affaires, n'en démord pas : il veut faire tomber le Printemps, son rival, dans son escarcelle. Le problème, c'est qu'il a déjà fait une offre, d'un montant d'1,8 milliard d'euros (pour mémoire, en 2006, Rreef a racheté 70% des parts du groupe de François Pinault, PPR, pour 1,1 milliard)... mais qu'elle n'a pas été retenue ! Or malgré l'annonce officielle du lancement de négociations exclusives dont il a été de fait écarté, il revient à la charge avec une autre idée dans sa besace : puisque les Qataris sont intéressés par le Printemps, pourquoi ne pas s'associer ?

Explications : actuellement, le Printemps est détenu à 70% par le fonds immobilier Rreef, filiale de la Deutsche Bank, qui veut vendre ses parts, et à 30% par le groupe financier italien Borletti. Lui ne veut pas se désengager, bien au contraire. Il faut dire que les ventes ont augmenté de 13% en 2011 et de 12% en 2010. Mais où trouver les centaines de millions d'euros nécessaires pour racheter les parts ? Dans la poche de ses investisseurs qataris ! Déjà propriétaires du PSG, du Virgin Megastore des Champs Elysées et de plusieurs hôtels de luxe à Paris comme le Concorde Lafayette ou l'Hôtel du Louvre, les Qataris sont friands de biens d'exception dans la capitale. Et reprendre l'un des fleurons du commerce tricolore et notamment parisien leur plairait bien. Emile Zola, qui décrit à merveille dans « Au bonheur des dames » la folie naissante des grands magasins à Paris, l'une des innovations du Second Empire, doit se retourner dans sa tombe.

Selon les informations du Figaro, Philippe Houzé a tout prévu dans son plan de la dernière chance : il diviserait Le Printemps en deux sociétés. D'un côté, l'immobilier irait aux Qataris (pour la modique somme d'un milliard d'euros), de l'autre, la gestion des magasins incomberait aux Galeries Lafayette (racheter la société d'exploitation leur coûterait 800 millions d'euros). Une solution win-win à ses yeux, mais qui  a peu de chances d'aboutir -à moins d'un soutien rapide et massif de l'Etat ?!

Son projet de reprise diffère en tout cas de celui de Berlotti et des Qataris. Comme nous l'expliquons ici, eux auraient surtout l'intention de revendre les magasins de province à un autre opérateur et de transformer le grand magasin parisien en un immense centre commercial de boutiques de luxe réaménagé, sans salariés en direct, dans le seul but de percevoir chaque mois la rente des loyers. Un projet qui implique évidemment le licenciement, du moins le temps des travaux, du personnel. Le patron des Galeries ne doit pas être le seul à enrager d'avoir été mis sur la touche... 

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.