Sans surprise, la carotte fonctionne bien ! Les médecins qui ont prouvé qu'ils améliorent depuis un an la prévention de certaines maladies et le suivi de leurs patients et qu'ils contribuent à la maîtrise des dépenses de santé vont recevoir à partir de cette semaine un chèque de l'Assurance Maladie. Ce système s'appelle le paiement à la performance, une sorte d'intéressement pour travail bien fait, et il a été instauré le 1er janvier 2012, comme le soulignent Les Echos. En somme, les médecins vont gagner plus en partie parce qu'ils ont fait dépenser moins !
En un an seulement, les praticiens ont réalisé leurs objectifs à 50 % en moyenne. 75 400 médecins installés en cabinet vont donc percevoir ce complément de revenus en récompense de leurs efforts. Prenons un généraliste : chaque année, il gagne en moyenne 71 320 euros net, soit près de 6 000 euros par mois. Or ce nouveau « bonus » représente en moyenne 5 365 euros, soit presque l'équivalent d'un treizième mois.
Si l'on peut regretter que les médecins aient attendu la promesse d'un chèque pour améliorer par exemple le suivi du diabète, élaborer un dossier médical informatisé permettant de mieux suivre leurs patients ou pour prescrire moins d'antibiotiques et moins de tranquillisants aux personnes âgées, ce système a permis dans les faits d'obtenir ces améliorations notoires.
Aux Etats-Unis, un dispositif en partie similaire existe déjà : le « P4P » (« Pay for Performance ») valorise notamment le recours aux nouvelles technologies de l'information (prescription électronique, procédure de rappels des patients), la rapidité d'accueil des patients atteints de pathologies cardiaques, le temps consacré au dépistage et à la prévention (nombre de mammographies réalisées, de vaccinations ROR chez l'enfant, de conseils relatifs à l'arrêt du tabac). Et même la satisfaction du malade (délai de rendez-vous, accès à un spécialiste, communication avec le médecin) !
Reste qu'en France, ce système a un coût : près de 282 millions d'euros par an. Or à l'heure du déficit croissant de la Sécurité Sociale, verser une prime à des médecins aux revenus déjà élevés risque de faire encore couler pas mal d'encre. Gageons qu'in fine, un meilleur suivi sanitaire ainsi que le dépistage précoce de certaines maladies permettront de mieux soigner les gens, et par là-même de baisser les coûts pour la Sécu !