Plus de précisions à propos de la TMM

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Par Simone Wapler Publié le 6 avril 2019 à 7h30
Billet 500 Euros Fin Emission 2
@shutter - © Economie Matin

La Théorie monétaire moderne est ridicule mais elle est aussi dangereuse et débouche sur un régime totalitaire.

Ha, cher lecteur, l’essor de la Théorie monétaire moderne m’enchante. Toujours plus de bêtises dans notre univers financier, un peu de neuf à croquer ! D’autant plus que l’intérêt pour la TMM se propage plus vite que… la vérole sur le bas clergé aurait dit mon grand-père.

Voilà ce que donne dans la recherche « modern money theory » dans Google Trends, qui vous permet de mesurer l’évolution des fréquences de recherche.

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Avec cette chronique, cher lecteur, soyez assuré, vous êtes à l’avant-garde de la stupidité. Restez abonné, vous en aurez pour votre argent (c’est gratuit).

Alexandria Ocasion-Cortez

Pour les trainards qui ne nous rejoignent que maintenant voici un très bref résumé de la Théorie monétaire moderne.

« Un Etat ne peut pas faire faillite puisqu’il crée la monnaie dont il a besoin pour rembourser ses dettes ou pourvoir à ses dépenses ».

Si vous entendez faire partie de ces chers lecteurs avisés qui haussent les épaules et passent à autre chose en marmonnant « déjà vu, tout ça se terminera dans un bain de sang hyperinflationniste », attendez une minute.

La TMM dit qu’il n’y aura pas d’inflation car il y aura des impôts.

L’impôt empêche l’inflation selon la TMM

C’est très simple (tout est d’ailleurs très simple chez les promoteurs de la TMM). Imaginez un État qui crée de l’argent pour financer des « grands travaux d’infrastructure » ou un Green New Deal, bref des trucs inutiles dont personne n’a besoin mais qui occupent des tas de gens qui seront payés en fausse monnaie.

Le risque est l’inflation : trop de monnaie pour l’économie et hausse générale des prix. Mais s’il y a trop de monnaie dans l’économie, il y a une façon très simple d’en retirer : vous taxez. Hop, c’est de l’argent qui disparaît donc la quantité de monnaie diminue et l’inflation est maîtrisée !

A ce stade, j’entends penser des fortes têtes : « tout ceci ne sont que des inepties, il nous suffira de négocier nos petites affaires dans une autre monnaie… »

Stop ! Vous n’êtes pas en Argentine ou au Zimbabwe où d’autres monnaies circulent au marché noir et le plus souvent sous forme d’espèces.

Nous parlons de pays développés comme les Etats-Unis ou même, pourquoi pas, de pays de l’Eurozone. Dans ces pays, vous devez payer des impôts dans la devise que le fisc exige. Si vous ne payez pas d’impôt, vous vous retrouvez très vite en difficulté voire en prison. C’est bien plus grave que de brûler des voitures, casser des vitrines ou jeter des pavés sur des voitures de police un beau samedi d’hiver à Paris ; ceci ne sont que des actes devenus sans conséquence pénale.

Selon la TMM, c’est la taxe et les impôts qui créent la demande pour la monnaie. Ça, convenez-en, c’est parfaitement exact.

Associez la TMM à la suppression des espèces – c’est-à-dire au bannissement du cash – ainsi qu’à l’obligation de passer par des réseaux de transaction contrôlés et vous obtenez une société totalitaire dans laquelle la fausse monnaie est certifiée par l’État et l’activité est décrétée par l’État.

Souvenez-vous de notre vieil adage : « lorsque tout le monde pense la même chose, personne ne pense ».

La TMM est grotesque, évidemment, mais elle n’en est pas moins dangereuse et il est inquiétant qu’elle ait autant de partisans.

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Pour plus d’informations de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.