Les associations S.E.L, solution pour enrayer la baisse du pouvoir d’achat des ménages ?

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Par Alexandre Kolow Publié le 28 août 2013 à 4h31

Les Systèmes d'Echanges Locaux, système que j'ai découvert à Valenciennes mais qui existe partout en France sont des associations dans lesquelles les membres échangent des heures de travail. Une heure de travail fournie par un membre lui permet de disposer d'une heure de travail fournie par un autre membre.

L'avantage premier de ce système est qu'il n'y a pas de différenciation sur la valeur du temps de travail d'un individu. Une heure de cours d'anglais a exactement la même valeur qu'une heure de plomberie ou une heure de couture. Le système part du principe où la valeur du temps d'un individu, quel qu'il soit, est la même pour tous. Ces associations ont l'avantage de permettre à des personnes sans emploi de pouvoir transformer leur temps libre en monnaie d'échange pour « acheter » les services d'autres membres.

Cependant, pour éviter qu'il y ait une « inflation du temps », il faut limiter le nombre d'heures disponibles sur le compte de chaque membre afin d'éviter qu'il y ait en « banque » une quantité d'heures convertibles supérieure à la capacité d'heures de travail « négociables » sur le « marché » à un moment T. En effet, si trop de membres fournissent des heures de travail mais ne les consomment pas en faisant appel aux services d'autres membres cela peut amener à une inflation de la valeur temps qui serait le résultat d'une impossibilité de transformer les heures en banque en heures de services fournies par les autres membres le moment voulu.

Le temps comme système monnétaire

Dans les faits, si tout le monde voulait transformer ses heures accumulées en banque au même moment, l'offre de temps serait bien plus élevée que la demande et dans ce cas, nous assisterions à une inflation du temps. Si trop d'heures s'accumulent sur les comptes, il sera alors impossible de convertir toutes ces heures en capacité de travail à un moment donné. Il faut donc que l'association impose un nombre maximal d'heures cumulables afin de fluidifier la « monétisation du temps ». Le plafond est donc bien évidemment fonction de la taille de l'association. Plus il y a de membres et plus le plafond peut être élevé.

Si par exemple, l'association compte 100 membres et qu'elle impose un plafond de 10 heures, cela signifie que chaque membre ne pourra pas travailler plus de 10 heures sans consommer le surplus. Imaginons l'individu A qui fournirait 10 heures de travail à l'individu B. L'individu B aurait donc une dette de 10 heures envers le S.E.L et à l'inverse, l'individu A disposerait d'un droit « d'achat » de 10 heures auprès de n'importe lequel des 99 autres membres de l'association. L'individu B devra fournir 10 heures de travail auprès de n'importe lequel des autres membres de l'association pour être en « règle » avec le S.E.L. Le travail fourni par l'individu A va donc créer un droit d'achat de 10 heures auprès du S.E.L et lorsqu'il aura consommé ses 10 heures, l'individu A aura « détruit » ce droit d'achat auprès du S.E.L.

Ce système fonctionne donc comme n'importe quel système monétaire officiel. La « monnaie » est créée par le crédit et le travail. La différence tient au fait que ce système est un système local et indépendant facilement réglable puisqu'il reste à taille humaine. Il ne peut donc pas imploser comme le peut un système monétaire traditionnel et quand bien même il imploserait, il n'y aurait aucun dégât financier puisque la seule chose que les membres perdraient serait le temps qu'ils ont consacré à l'association. De plus, le temps perdu serait limité au montant du plafond.

Une solution anti-crise

Ce système me parait donc être un bon moyen d'appoint pour enrayer la baisse du pouvoir d'achat des ménages. Il doit bien évidemment ne pas devenir trop puissant afin de ne pas déréguler « l'économie réelle ». Si par exemple, tous les membres de l'association font appel au « plombier de service », l'artisan plombier du coin de la rue risque de mettre la clef sous la porte ! Mais le concept d'échanger du temps contre du temps semble être un moyen tout aussi efficace que le système d'échange travail contre monnaie puis monnaie contre travail.

Le temps dont nous disposons et que nous pouvons mettre au service des autres en échange de leur temps mis à notre disposition a au moins l'avantage de permettre à des personnes avec de faibles revenus de pouvoir consommer des services qu'ils ne peuvent plus acheter.

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Alexandre Kolow est co-fondateur de la plateforme de recrutement koalajob.com. Un site de recrutement qui met l'accent sur l’évolution de carrière et sur la mobilité européenne des talents. Il donne également des cours d'économie internationale en France et en Europe.