Pas question de lâcher à nouveau les cordons de la bourse. Au Portugal, le Premier ministre Pedro Passos Coelho a annoncé hier lors d'un discours solennel à la Nation retransmis à la télévision de nouvelles coupes, notamment dans les budgets de la Sécurité sociale, de la Santé et de l'Éducation. Au grand dam de la population, de l'opposition de gauche et des syndicats qui crient à la fin de l'Etat-providence, mais aussi de la Cour constitutionnelle.
Cette dernière a en effet rejeté la semaine dernière le budget 2013 présenté par le Premier ministre portugais, au motif qu'il contenait trop de mesures d'austérité. De fait, ce budget prévoyait une hausse généralisée des impôts, une réduction des allocations chômage et maladie et privait notamment les fonctionnaires et les retraités de leur 14ème mois de salaire ou de pension. Mais il faut bien réaliser des économies faute d'argent dans les caisses, s'insurge le chef du gouvernement ! Celles annoncées hier visent donc, d'après lui, à compenser celles qui étaient prévues dans le budget et qui ne pourront être réalisées du fait de la censure des Sages, soit un manque à gagner estimé entre 900 millions et 1,3 milliard d'euros.
Même si pour l'heure le programme de rigueur a plutôt aggravé la récession économique en vigueur depuis le dernier trimestre 2010 au Portugal, le pays n'a pas vraiment d'autre choix que de se serrer la ceinture. Surveillé de près par ses créanciers, et par la fameuse troïka (composée de la Banque centrale européenne, de l'Union Européenne et du Fonds Monétaire international) qui doit lui rendre visite prochainement, le Portugal doit maintenir ses objectifs, c'est-à-dire notamment ramener le déficit public à 5,5% du PIB et économiser environ 4 milliards d'euros d'ici 2015.
C'est la condition sine qua none posée par la troïka pour verser les 78 milliards d'euros prévus dans le plan de sauvetage en 2011, et en particulier une nouvelle tranche d'aide de 2 milliards d'euros. Comme à Chypre ou ailleurs, les institutions européennes et internationales conditionnent plus que jamais leurs prêts à des réformes structurelles. Et à des économies d'ampleur, aussi douloureuses soient-elles.