Vingt mille pétaoctets sous les mers

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Par Jean-Pierre Boushira Publié le 17 décembre 2020 à 4h26
Data Valeur Donnees Internet Numerique
@shutter - © Economie Matin
12,5%Les datacenters sous-marins de Microsoft ont un taux de panne 12,5% inférieur à ceux terrestres.

L'homme est le plus gros pollueur des océans et le temps est à la remise en question. Alors que nous développons sans cesse de nouvelles technologies, pourquoi ne pas les utiliser pour limiter la pollution plutôt que d’y participer ?

En septembre dernier, Microsoft annonçait l’inauguration des tous premiers datacenters sous-marins installés au large des Îles Orcades. Après quelques mois d’existence, les premiers enseignements sont surprenants. Même si les rapports officiels concernant l’efficacité de tels dispositifs n’ont pas encore été publiés, les premiers éléments recueillis suggèrent que les fonds marins pourraient devenir the « new place to be » en matière d’infrastructures IT dédiées aux données.

Ces datacenters nouvelle génération semblent en effet présenter plusieurs avantages : un impact positif sur l'environnement, une meilleure fiabilité technique mais aussi une plus grande résilience face aux menaces physiques et climatiques associées aux datacenters classiques (tremblements de terre, incendies, attaques terroristes etc.). Très loin d’être répandus, ces datacenters représentent une nouvelle idée prometteuse en matière d’environnement même s’ils ne consistent pas en la seule et unique solution pour apporter des réponses aux défis environnementaux.

D’après une récente étude, le stockage des données par les entreprises – y compris celui des dark data - pourrait générer près de six millions de tonnes de CO2 rien que cette année. Pour pallier ce problème, il suffit pour les entreprises d’identifier et de supprimer les données inutiles, obsolètes, ou encore les doublons. Si chacune d’elles déployait des efforts en ce sens, il serait possible de réduire considérablement le nombre de données stockées et par conséquent le taux d’occupation et le nombre de datacenters, leurs émissions de gaz à effet de serre et leurs coûts.

L’impact positif d’une meilleure gestion de données peut paraitre dérisoire lorsqu’il s’agit d’environnement. Cependant, contrairement à d’autres solutions, cette stratégie a l’avantage de pouvoir être déployée dans l’immédiat. Par conséquent, les débats menés dans les hautes sphères des entreprises ne devraient pas seulement statuer sur le déplacement ou non des données dans des datacenters sous-marins, mais devraient plutôt définir la stratégie à adopter pour mieux comprendre les données et supprimer celles qui s’avèrent inutiles. Depuis le début de l’année, nous avons tous dû adopter l’adaptabilité en tant que seconde nature pour faire face aux circonstances imprévues, rendant alors les petits changements comportementaux et organisationnels plus faciles à appréhender.

Mais revenons donc à l’histoire de nos datacenters sous-marins. L’intérêt pour les entreprises d’avoir une stratégie incluant des sauvegardes en dehors de l’infrastructure et hors site n’est plus à prouver. Alors, de par son inaccessibilité évidente, il ne fait aucun doute que les datacenters sous-marins figurent parmi les meilleures options possibles pour la sauvegarde des données et leur sécurité - à l'exception peut-être de l'espace extra-atmosphérique.

L'une des principales conséquences de l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre et du changement climatique est la multiplication et l’intensification de phénomènes météorologiques extrême tels que les feux de forêt ou encore les inondations. Spécialement conçus pour résister à des conditions extrêmes, les datacenters sous-marins sont alors mieux armés pour y faire face. Dans le cas de Microsoft, seuls huit des 855 serveurs en place ont subi une panne depuis leur immersion et leur installation il y a de cela deux ans. Ramené à une donnée chiffrée, on parle d’un taux de panne inférieur de 12,5% à celui des datacenters terrestres, sans compter les économies réalisées sur le matériel. Ce succès repose sur une combinaison efficace : la limitation des interactions et déplacements humains au sein des datacenters combinée à un environnement initialement « hostile ». En plus de créer un écosystème adéquat pour ce type d’activité, les datacenters sous-marins présentent de nombreux avantages lorsqu’il s’agit de sauvegarde des données et de stratégie de disaster recovery.

L'innovation est plus que jamais un des piliers des entreprises, et elle ne va aller qu’en accélérant. Celle-ci est d’autant plus importante qu’elle permet non seulement d’assurer la pérennité des entreprises mais aussi de participer à la lutte contre les changements climatiques. Faisons les premiers petits pas dès d’aujourd’hui afin de paver le chemin pour nos pairs et de leur laisser entrevoir un avenir plus radieux.

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Jean-Pierre Boushira est Vice-President Europe du Sud et Benelux chez Veritas Technologies.