Bruxelles est prêt à mettre le marché des quotas de CO2 sous oxygène…

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Par Laure De Charette Modifié le 16 avril 2013 à 2h11

Le droit de polluer n'est plus assez cher... C'est aujourd'hui que le Parlement européen doit trancher : si les députés votent en faveur du marché des quotas de CO2, comme le recommande la Commission, ce dernier est (à peu près) sauvé. Sinon, il risque d'expirer sans délai... Or ce marché était censé permettre à l'Europe de respecter les engagements pris à Kyoto pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, comme l'expliquent Les Echos. Derrière ce sujet technique se joue donc l'avenir de la qualité de l'air en Europe, de la pollution, de la lutte contre le réchauffement climatique, bref de toute la politique climatique européenne !

Le concept était simple : chaque usine pouvait produire chaque année une certaine quantité de CO2 dans la limite d'un quota prédéfini. Si elle voulait en produire plus, elle devait acheter à une usine voisine un bout de son quota, mais à un prix tellement élevé qu'elle avait plutôt intérêt à investir dans une énergie « verte ». En gros, elle devait acheter le droit de polluer, un droit auparavant alloué gratuitement par les Etats. Mais patatras ! Rien n'a fonctionné comme prévu. Crise oblige, les usines ferment leurs porte, l'activité industrielle ralentit, et mécaniquement, les émissions de CO2 se réduisent. Résultat, plus personne n'achète de quota, donc son prix baisse. Il est passé à 4,80 euros la tonne de CO2, contre dix euros il y a un an. Plus très dissuasif !

La Commission propose donc de revaloriser les quotas, c'est-à-dire de faire grimper leur prix. Conformément au principe que seul ce qui est rare est cher, elle suggère de retirer des millions de tonnes de CO2 de la vente, précisément 900 millions de tonnes, soit 10% des quotas qui devaient être vendus aux enchères entre aujourd'hui et 2020. Avec l'espoir que la tonne dépasse du coup les 10 euros. En somme, elle propose de relancer le marché, et la France l'appuie dans cette démarche, quand certains, comme la Pologne, Chypre et les élus du Parti populaire européen (PPE, droite), la première force du Parlement européen, voudraient l'étouffer à petits feux.

Evidemment les entreprises acheteuses, notamment les plus polluantes comme celles du secteur de la sidérurgie, n'ont pas envie de voir le prix de la tonne de CO2 augmenter, car cela plomberait leurs comptes. Tandis que les entreprises spécialisées dans les technologies « vertes », comptent évidemment sur ce mécanisme pour gagner de nouveaux clients et doper leur chiffre d'affaires. C'est le cas d'EDF, Shell, Ikea ou Alstom, qui soutiennent la remontée des prix des quotas de CO2.

En attendant la décision des eurodéputés, on retient son souffle !

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.