En un troisième temps, le marketing politique préconise de soigner les relations avec la presse et celles avec le petit écran. Ces deux fantastiques courroies de transmission entre le candidat (ou l’élu) d’une part et les électeurs (ou l’opinion) d’autre part.
Dans cette optique, le marketing conseille à la femme ou à l’homme politique de ciseler ses déclarations au format des télévisions et des radios au prix, si nécessaire, de l’appauvrissement de son vocabulaire et de ses références : mots simples, langage courant, phrases courtes, expressions populaires. Il préconise aussi de ne pas hésiter à faire le gros dos lorsque cela peut éviter la polémique, surtout avec les médias, et conseille même d’avaler quelques couleuvres si besoin est. Un peu comme si la politique c’était avant tout l’art de passer dans les médias et même plus, celui de s’en servir aussi souvent que possible pour propager un message destiné à maximiser son propre potentiel électoral.
Quitte, d'ailleurs, à tenter de concilier l’inconciliable, comme par exemple : s’engager à baisser les impôts, tout en annonçant de nouvelles mesures qui augmenteront les dépenses, mais en promettant de ne pas creuser le déficit. Ou encore, promettre de lutter contre l’immigration clandestine et simultanément proposer la régularisation générale et sans critères des sans-papiers. Et aussi, s’engager à relancer l’économie mais sans prévoir de forme sérieuse d’augmentation du pouvoir d’achat ; prétendre que l’on améliorera significativement le service public par la seule meilleure gestion tout en diminuant les coûts, c’est-à-dire les moyens. L’idée, pour ne pas dire l’obsession, de chaque candidat étant d’accroître sa propre notoriété par l’usage maîtrisé des médias, le marketing les incite en conséquence à ne pas hésiter à faire des promesses importantes aux yeux des électeurs, sans trop s’encombrer de leur réalisme ou pas. La moindre intervention médiatique est alors dictée par ce que souhaite entendre la majorité à séduire : le plus souvent, un rouleau compresseur de plates certitudes. Ainsi, tout semble maîtrisé et calculé par le leader politique devenu, sciemment, objet de consommation.
Après tout, ne s’agit-il pas de faire rêver pour mieux séduire ; ne s’agit-il pas de faire croire, grâce à la seule magie du verbe, que tout peut changer ? Enfin, point d’orgue, le marketing conseille à chaque candidat des discours et des déclarations allant systématiquement ou presque dans le sens qu’attend son électorat potentiel. C’est très précisément en ce quatrième temps que le marketing politique bascule dans la manipulation en recourant au ciblage pudiquement rebaptisé pour l’occasion, positionnement.
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