Le changement, c’est maintenant, l’austérité aussi, et ça les Français l’ont bien compris !
Deux mois après la nomination de François Hollande à la tête de l’Etat, la vague d’enthousiasme sur laquelle surfait le gouvernement socialiste vient de se briser sur les rochers de la rigueur.
Aujourd’hui, 68 % des Français pensent que les premières annonces du gouvernement de Jean-Marc Ayrault constituent un « tournant » vers la rigueur contre 30 % pour lesquels ces premières annonces ne sont pas le début d’une politique d’austérité comme le révèle le sondage LCI-Tilder réalisé au lendemain de la déclaration de politique générale du Premier ministre.
Chose surprenante, 74 % des électeurs de François Hollande trouvent que les premières annonces du Premier ministre sont un pas vers une politique de rigueur contre 67 % chez les électeurs de l’UMP !
Enfin, les seniors représentent la tranche d’âge de la population la plus pessimiste.
En effet, 81 % d’entre eux trouvent que ces premières annonces symbolisent un tournant vers la rigueur contre 19 % pour lesquels ces premières annonces ne représentent pas les prémisses d’une politique de rigueur.
Retrouvez ci-dessous l'analyse de Frédéric Latrobe, de Tilder :
A quelques jours du discours de politique générale que Jean-Marc Ayrault va prononcer devant les députés, la question sur la modification des dépenses des Français dans les mois à venir est en réalité une question de confiance qui leur est posée. Derrière cette question, c’est l’impact de la crise sur la consommation qui apparaît, après le signal donné il y a deux jours par l’INSEE sur le pouvoir d’achat en 2012, en forte baisse. Le sujet est là pour le gouvernement : sans confiance, pas de consommation et sans consommation, pas de croissance. Le discours du changement qui a pourtant fait l’élection ne se traduit donc pas, ou pas encore, par un retour de la confiance des ménages, ce qui est rare au lendemain d’une présidentielle et l’installation d’un nouvel exécutif. A ce jour, l’alternance politique n’est pas synonyme d’une alternative économique crédible et rassurante pour demain. Dans les autres sujets d’actualité de la semaine, les résultats et la manière – les manières - de l’équipe de France de football à l’Euro ont aussi concentré l’attention. La question du versement de leurs primes est en réalité un débat d’opinion qui se poursuit sur la décence des rémunérations les plus élevées évidemment, mais aussi sur le prix du mérite, du talent et du succès. Il y a en fait aujourd’hui trois valeurs de marché pour le « people business », qu’il s’agisse des sportifs, des artistes ou des dirigeants de grandes entreprises : une valeur contractuelle établie par la concurrence et la compétition ; une valeur d’image ajustée à la réputation et une valeur morale dépendant de plus en plus de l’acceptabilité de l’opinion publique. Ceux sont en fait les trois nouvelles règles de valorisation du talent aujourd’hui.
Plus contraignante car encore plus émotionnelle quand il s’agit du football et de l’équipe de France, cette grille est aussi celle aujourd’hui des dirigeants d’entreprise qui voient cette valeur « morale » de marché se traduire par l’imposition de critères de performance et d’éthique dont la communication financière ne peut plus faire abstraction.
Fiche technique :
Étude réalisée auprès d’un échantillon de 1002 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. Mode d’interrogation : L’échantillon a été interrogé en ligne sur système Cawi (Computer Assisted Web Interview). Dates de terrain : les interviews ont été réalisées du 3 au 4 juillet 2012.