Les “défenseurs de la santé publique” se sont d’abord attaqué au tabac et à l’alcool, ils s’attaquent désormais à notre alimentation quotidienne.
Dans un rapport publié fin janvier dans le journal médical réputé The Lancet, l’auteur principal, Boyd Swinburn, plaide en faveur d’une plus grande intervention afin de réduire les effets de la malnutrition sur la santé publique.
Ce rapport de 56 pages est une longue liste de prescriptions politiques pour améliorer la santé publique — y compris l’augmentation des taxes ou la réduction de la publicité. Avant tout, les chercheurs semblent très inquiets que Big Food (l’industrie de l’alimentation) s’immisce dans le débat sur la nutrition, et croient que ces professionnels organisent en effet unilatéralement une « syndémie mondiale » (*), comme ils l’appellent.
Voici un extrait du rapport :
« Certaines mesures gouvernementales, y compris des règlements sur la commercialisation d’aliments et de boissons malsaines auprès des enfants, des étiquettes spéciales sur les emballages, des politiques fiscales comme les taxes sur les boissons gazeuses et des lois sur la protection des consommateurs peuvent aider à limiter cette consommation d’aliments malsains axée sur l’offre. »
Voyez-vous le problème ? « Consommation axée sur l’offre » implique que la demande d’aliments malsains n’est pas le résultat d’un désir réel du marché, mais plutôt d’une commercialisation intelligente. Les consommateurs sont considérés comme des pantins sans cervelle exploitable par l’industrie et non comme des individus.
La raison est claire : si vous admettez que les gens font des choix responsables et individuels, vous ne pourrez pas faire valoir que les interventions gouvernementales sont des mesures de protection. La déshumanisation des décisions de marché est essentielle à la politique de l’État-nounou.
Le rapport du Lancet est long, mais il vaut la peine d’être lu si vous voulez connaître de près l’état d’esprit sinistre des défenseurs des politiques de santé publique.
Les mesures d’emballages fortement réglementés, la hausse des taxes et les campagnes gouvernementales constantes sur les aliments se multiplient de façon effrayante.
En plus de la réglementation gouvernementale très intrusive, les chercheurs plaident pour l’infiltration de leurs idées à travers les individus en tant qu’activistes de l’alimentation, si jamais leurs propositions n’étaient pas assez dissuasives. C’est ainsi qu’ils décrivent leurs opportunités :
« Les gens vivent dans des réseaux d’influence. L’influence la plus forte est au niveau de la famille et des cercles sociaux mais les gens interagissent et influencent aussi dans de nombreux milieux — par exemple les lieux de travail, les écoles, les universités, les magasins, les lieux de loisirs, les villages et les communautés locales. Même au niveau macroéconomique, le fait d’être un consommateur, d’utiliser les médias de masse ou de travailler au sein du gouvernement ou d’autres systèmes offre une occasion de créer de l’influence. »
Il n’y a rien de mal à ce que les gens défendent un changement au niveau personnel ou familial. Ce qui est déconcertant, c’est que ces auteurs seront des acteurs clés pour conseiller les décideurs publics. Ils pourraient faire en sorte que les gens soient informés par des fonctionnaires du gouvernement sur la façon de convaincre leurs amis et leur famille de s’inscrire pour devenir des « ambassadeurs de l’alimentation » ou peu importe le nom qu’on donnerait. Une utopie cauchemardesque pour s’immiscer dans les choix personnels de chacun de nous.
L’une des prescriptions est également qu’il devrait y avoir une conférence internationale qui pourra évaluer la nécessité et l’efficacité des nouvelles politiques.
Découvrez la CCLAT
La convention CCLAT est le premier traité de santé mondiale adopté par l’OMS. Elle a été ratifiée par 181 pays et constitue la base d’un certain nombre de lois nationales à travers le monde, telles que les taxes sur le tabac, les restrictions publicitaires et d’autres mesures comme le paquet neutre.
La CCLAT exclut de ses réunions les organisations de médias et les ONG qu’elle juge inutiles et discute à huis clos de ses recommandations politiques, qui vont s’appliquer à des milliards de personnes. Le fait que tout cela soit très coûteux et financé par les contribuables va sans dire.
Vous n’êtes peut-être pas fumeur mais ne soyez pas indifférent à la CCLAT qui pourrait à terme réglementer beaucoup d’autres secteurs de consommation. Une CCLAT pour les aliments proposerait des mesures aussi draconiennes que celles qui s’appliquent au tabac : augmentation des taxes sur les péchés, diminution de l’accès et étiquetage clair.
Si vous n’y croyez pas, jetez un coup d’œil à ce tweet de Jennifer Browne, nutritionniste en santé publique (qui a depuis été supprimé en raison des réactions) :
Préparez-vous à voir l’alimentation se renchérir et à des supermarchés ternes si ces gens obtiennent ce qu’ils veulent.
Arrêtons l’État-nounou !
Si vous ne défendez pas la liberté des fumeurs, des buveurs et de ceux qui aiment les jeux de hasard, même si vous réprouvez leurs choix de vie, alors vous êtes condamné à être le prochain.
La CCLAT alimentaire argumentera : « quand nous l’avons fait pour le tabac, vous étiez d’accord avec les mêmes principes de taxation, d’accès limité et d’interdiction de marque. »
Allez-vous dire que « c’est différent » ? Pourquoi ce serait différent ? Les hamburgers ne sont pas les choix nutritionnels les plus sains pour tous.
Certains choix comportent des risques que nous assumons car il nous apportent du plaisir. Respecter les choix des autres sans nous élever à une prétendue norme morale supérieure signifie vivre dans une société libre.
Vivre et laisser vivre. Ce n’est vraiment pas si difficile.
(*) Ce néologisme est employé dans la littérature médicale autour des pathologies liées au VIH et à la toxicomanie. Il désigne un ensemble de problèmes de santé qui se renforcent mutuellement.
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