Des points à suivre attentivement à l’horizon des prochaines semaines

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Par Hervé Goulletquer Modifié le 4 février 2019 à 11h34
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@shutter - © Economie Matin
304 000Aux Etats-Unis, 304 000 emplois ont été créés, après 222 000 en décembre.

Quatre sont particulièrement d’importance : le dossier commercial sino-américain, l’activité économique aux Etats-Unis, la politique de la Fed et le dossier du Brexit.

Rappelons les quatre informations importantes de la semaine dernière ; simplement parce qu’elles calent les points d’attention du marché pour la période qui s’ouvre devant.

Premièrement, les négociations commerciales sino-américaines se sont conclues sans surprise. On se souvient que le choix des possibles était entre la poursuite des discussions et un accord partiel. La première option a été la bonne ; ce qui veut dire que faire avancer les dossiers n’est pas aussi facile que cela. Si la partie chinoise a eu une communion unifiée, pointant des progrès important et une bonne ambiance, il n’en est pas allé de même côté américain, avec des avis davantage partagés. Larry Kudlow, le conseiller économique du Président Trump, reprend peu ou prou les éléments de langage des officiels chinois ; avec toutefois le contrepoint que rien n’est encore « gravé dans le marbre ». Robert Lighthizer, le chef-négociateur de la Maison Blanche sur les questions de commerce extérieur, insiste sur le fait que la rédaction d’un texte provisoire n’a même pas encore commencé. Rappelons que le premier est plus dove et le second, plus hawk, pour ce qui est des relations avec Pékin. Comment ne pas comprendre que le monde des affaires va s’intéresser de près aux étapes à venir avant début mars et la fin de la période de trois mois au cours de laquelle toute initiative de relèvement des droits de douane était gelée ? Deux rendez-vous semblent se dessiner. A la mi-février, Lighthizer et Mnuchin (le secrétaire au Trésor) devraient se rendre en Chine pour faire avancer les débats ; en fin de mois, si tout va bien, les deux Présidents pourraient se rencontrer. En attendant, le marché risque d’être assez « petites phrases dependent » !

Deuxièmement, les premières informations sur l’état de la conjoncture économique aux Etats-Unis en début d’année sont meilleures que prévues. Ainsi 304 000 emplois ont été créés, après 222 000 en décembre. Comment ne pas admettre que la tendance des créations de nouveaux postes de travail reste forte (241 000 en moyenne sur 3 mois et 234 000 en moyenne sur 12 mois) ? Par ailleurs, l’indice ISM dans le secteur manufacturier a bien rebondi le mois dernier, après le spectaculaire repli de décembre : +2,3 points à 56,6 après -4,5 points à donc 54,3. Que conclure en termes de tendance de l’activité manufacturière américaine ? Sans doute un moindre dynamisme en 2019, sans que pour autant une dangereuse inflexion baissière ne soit en vue. Fort de ce diagnostic et en se souvenant que l’économie américaine est plutôt en fin de phase haussière du cycle, l’attention sur la dynamique des salaires et des prix va probablement se renforcer à nouveau. Rappelons qu’au cours des trois dernières années, l’employment cost index a accéléré en moyenne de 0,3 point à chaque fois. Le glissement sur un an passant de 2,0% en décembre 2015 à 2,9% en décembre 2018. Pour l’essentiel, l’accélération a été absorbée par des gains de productivité plus élevés. Quid des trimestres à venir, qu’il s’agisse du profil des coûts salariaux ou de celui de la productivité ? Quelles seront les implications en matière d’inflation, mesurée au niveau des prix de détail ? Avec moins de craintes sur le profil de la croissance économique, si tant est que cela soit le cas, le marché devrait être attentif à ces évolutions.

Troisièmement, la Fed a envoyé en conclusion du comité de politique monétaire, qui s’est tenu en milieu de semaine dernière, un message accommodant. Patience, suppression de la forward guidance et volonté de maintenir un niveau élevé de réserves des banques commerciales dans son bilan n’ont-ils pas été les points-clé de sa communication ? Au point que le marché a abandonné toute idée de relèvement du taux directeur cette année (avant une baisse en 2020). Quid de la solidité de ces anticipations si Washington et Pékin arrivent à s’entendre et si les craintes d’un essoufflement trop marqué de la croissance américaine refluent ?

Quatrièmement, le dossier du Brexit reste très confus. On comprend que Theresa May est « accrochée » à son compromis (le plan B est très proche du plan A). Reste à aligner, concernant le dossier de la frontière entre Eire et Ulster, la position des hardbrexitersdu Parti conservateur et des Unionistes nord-irlandais avec celle des Tories davantage raisonnables en la matière, des Travaillistes et de l’UE. Rien que cela ! Des ajustements plus formels que de fond peuvent-ils suffire aux uns et aux autres ? On ne sait pas bien.Dans tous les cas, un prochain vote est prévu à Westminster vers le milieu du mois. D’ici là, la visibilité sur la suite à donner au dossier va être réduite.

Alors que les célébrations du Nouvel An chinois commencent, on s’intéressera cette semaine au discours du Président Trump sur l’Etat de l’Union (demain ; on dit que le ton sera à l’œcuménisme) et à la réunion de la Banque d’Angleterre (jeudi ; comment envoyer un message de resserrement monétaire à venir dans la confusion politique actuelle ?).

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Hervé Goulletquer est stratégiste de la Direction de la gestion de La Banque Postale Asset Management depuis 2014. Ses champs d’expertises couvrent l’économie mondiale, les marchés de capitaux et l’arbitrage entre classe d’actifs. Il produit une recherche quotidienne et hebdomadaire, et communique sur ces thèmes auprès des investisseurs français et internationaux. Après des débuts chez Framatome, il a effectué toute sa carrière dans le secteur financier. Il était en dernier poste responsable mondial de la recherche marchés du Crédit Agricole CIB, où il gérait et animait un réseau d’une trentaine d’économistes et de stratégistes situés à Londres, Paris, New York, Hong Kong et Tokyo. Il est titulaire d’une maîtrise d’économétrie, d’un DEA de conjoncture et politique économique et diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris.