Point de marché : petit rappel historique sur la courbe aux États-Unis

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Par Stéphane Déo Modifié le 25 septembre 2018 à 11h12
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@shutter - © Economie Matin
30Aux États-Unis, les taux ont gagné 30 points de base depuis fin août.

Il est important de ne pas oublier que les taux longs réagissent aux Fed-Funds. Penser qu’une hausse de la Fed se fera sans réaction du 10-ans est très simpliste.

La progression du 10-ans américain

Un des mouvements de marché les plus significatifs sur les derniers jours est la progression du 10-ans américain. Après être restés inhabituellement stable dans une fourchette réduite entre 2,80% et 3,00% depuis février, les taux ont gagné 30 points de base depuis fin août.

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C'est l'occasion de faire un petit rappel historique pour nos plus jeunes lecteurs. Il y a un débat actuellement sur les hausses de taux de la Fed qui pourraient inverser la courbe des taux. L'histoire n’est pas aussi simple. Si on prend la dernière phase de hausse des taux complète, la période Greenspan avec 17 hausses de taux consécutives entre juin 2004 et juin 2006, la Fed n'a finalement jamais inversé la courbe. Arrivée à 4,1/4% sur les Fed Funds le 13 décembre 2015, la différence avec les taux 10-ans s’était réduite à rien. Une hausse aurait donc dû faire passer les Fed Funds au-dessus du taux 10-ans. Il y a eu en fait quatre autres hausses par la suite, le taux 10-ans a progressé en parallèle et la courbe ne s’est jamais inversée.

Elle a fini par s’inverser lorsque la Fed a arrêté de monter les taux.

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Morale de l’histoire : ne pas oublier que les taux longs réagissent aux Fed-Funds. Penser qu’une hausse de la Fed se fera sans réaction du 10-ans est très simpliste. On peut très bien avoir le taux 10-ans qui s’ajuste avec les Fed-Funds, c’est ce que nous dit le dernier exemple historique.

Seconde morale de l’histoire : la Fed n’inverse pas la courbe lorsqu’elle monte les taux (dans ce cas la courbe ajuste ses attentes), mais lorsqu’elle arrête de monter les taux (fin du cycle et il faut donc anticiper un ralentissement).

Psychodrame Américano-Chinois

La Chine a donc quitté la table des négociations après la décision de l’administration américaine de taxer 200 milliards d’importations chinoises. Les négociations qui étaient dans l’impasse depuis un certain temps, malgré quelques signes récents d’accalmie, sont donc annulées. Alors qu’on espérait un accord avant les élections de novembre (et un tweet du président pour annoncer sa victoire), il semble que la guerre commerciale soit là pour durer beaucoup plus longtemps.

Psychodrame à la Commedia dell’arte

Beaucoup de bruit politique en Italie alors que le projet de loi des finances initial doit être dévoilé jeudi. Le mouvement 5 étoiles continue à vouloir imposer le revenu universel.

Rappelons la séquence du déficit italien : 3,0% en 2014, 2,6% en 2015, 2,5% en 2016, 2,3% en 2017, probablement un chiffre proche de 2,0% cette année si on utilise l’information disponible à août. Tria parlait de 1,6% en prévisionnel pour 2019. A confirmer. On reste sur des réductions de déficit lentes qui n’ont permis de faire baisser le ratio dette sur PIB que depuis deux ans.

Les écarts de taux italiens à 10-ans contre Allemagne qui étaient de 290 points de base au tout début du mois ont touché 231 pdb le 18 septembre. Les récents atermoiements ont fait remonter cet écart proche de 240 pdb.

Draghi et ses vœux pieux

Hier devant le Parlement européen, Mario Draghi a réitéré sa confiance dans la remontée de l’inflation suite aux pressions salariales en hausse. Vrai conviction ou vœux pieux ? Le graphique ci-dessous montre qu’effectivement les salaires négociés ont pas mal progressé sur le T2 de cette année. Mais ils restent à 2,2, tout comme les coûts salariaux. Pas de quoi vraiment déloger l’inflation sous-jacente qui, elle, reste désespérément atone.

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Stéphane Déo est stratégiste chez La Banque Postale Asset Management. Il est diplômé d'HEC, a un DEA en économie à l'Ehess (Ecole des hautes études en sciences sociales) et un doctorat en finances à HEC. Il a effectué des études post-doctorales à l'université de Berkeley (Californie). Après l’OCDE et Goldman Sachs, il travaille chez UBS en 2001 comme économiste puis stratégiste jusqu’en 2015. Il poursuit son expérience chez Empirical Research Partners comme stratégiste actions globales.