Près d'une mare, presqu'étang, au printemps gambadaient
Deux grenouilles vertes et jaunes aux longues pattes musclées.
Les anoures, c'est connu, sans arrêt sautent en l'air
Et traquent le crapaud dans l'espoir d'être mères.
A l'endroit pique-niquait une famille au complet
Qui, pour désaltérer, buvait litres de lait.
Les grenouilles folâtraient, sautaient tant, qu'elles plongèrent
Sans même s'en rendre compte – catastrophe – dans les verres!
La première coassa, pattes ballantes, puis coula.
Quant à l'autre, positive, elle pensa: «Un quart d'heure,
Voilà ce qu'il me faut pour fabriquer du beurre...».
L'amphibien gigota et une motte baratta.
Le lait est comme la vie, il faut se battre avec.
Avec un beau moral, même mouillé on est sec.
Ne pas baisser les bras, inverser la tendance,
Voir tout blanc, même le noir, ne peut que porter chance.
Bertrand Stiebel