Depuis la prise en compte de l’écologie, les volets de tous les derniers plans de relance se sont axés en priorité sur l’écologie et la transition écologique, la cohésion sociale et territoriale, la compétitivité et la relocalisation des entreprises.
Il aurait été judicieux pour relever le niveau de la France, de s’attacher à comprendre et résoudre la divergence qui existe entre deux critères de loin les plus importants :
- La France est à la fois le pays où les dépenses sociales sont les plus élevées de tous les pays européens.
- Et où le secteur industriel a le plus régressé d’année en année à tel point qu’il est devenu le plus faible d’Europe.
Il est facile d’établir une relation de cause à effet entre ces deux singularités !
Et il possible de se poser la question : Quel est le mécanisme qui a conduit notre pays à cette situation très dégradée que nous connaissons aujourd’hui, en faisant même exclusion des « crises Covid et Ukrainienne » ?
Ci-dessous :
Un premier tableau comparant les Dépenses Publiques, les Dépenses Sociales, et l’Endettement de la France.
Ces quarante dernières années, les dépenses publiques, sociales et l’endettement n’ont pas arrêté d’augmenter.
Le deuxième tableau ci-dessous permet facilement d’évaluer le décrochage de la France par rapport à la moyenne européenne ainsi que la très faible part de notre industrie !
La France, avec une production industrielle par personne de 6.900 dollars/an (selon les données de la comptabilité nationale, c’est-à-dire en termes de valeur ajoutée), a un PIB/tête de 40.493 dollars ; l’Allemagne, qui a un ratio de 12.400 dollars, se situe à un PIB/tête de 46.258 US$, et la Suisse qui est en tête dans ces comparaisons internationales avec 21.000 dollars de production industrielle par habitant crève tous les plafonds avec un PIB record de 81.993 US $.
Ci-dessous un troisième tableau qui compare la France avec 4 principaux pays d’Europe sur lequel on peut constater que l’on est dépassé à tous les niveaux !
Chaque gouvernement s’est trouvé devant cette énigme à résoudre : Comment tenter de compenser ce retard de PIB par tête dû à l’insuffisance de production industrielle et aussi de taux d’emploi ? Aucun n’a résolu l’équation, soit par méconnaissance du problème, soit par idéologie politique ou par peur de réactions incontrôlables.
Qu’ont-ils fait ? Augmenter année après année les dépenses sociales. Il s’agissait de ne pas être aussi en queue de peloton au niveau du taux de pauvreté, situation qui aurait pu être catastrophique au niveau du monde, du peuple, des syndicats, etc…Les réflexions courantes fusaient : « l’Allemagne va peut-être mieux que nous mais elle a un taux de pauvreté supérieur à celui de la France et en plus ils collectionnent les petits boulots ». J’aurai pu rétorquer : « c’est plus valorisant pour soi-même et pour les finances publiques, il vaut mieux effectuer des petits boulots que de se languir en RSA ou au chômage ».
Mais par ce système, il faut comprendre que cela devient un cercle vicieux dans lequel notre économie se trouve enfermée. On a l’engrenage suivant : des dépenses sociales croissantes pour pallier l’appauvrissement de la population résultant de la désindustrialisation constante du pays, qui ont gonflé, année après année, les dépenses publiques. Il en a découlé automatiquement des prélèvements obligatoires de plus en plus importants, et ceux-ci se révélant insuffisants chaque année. Le recours à l’endettement extérieur est devenu nécessaire pour boucler chaque fois les budgets du pays. Il en est résulté une dette croissante qui a fini par atteindre 100 % du PIB en 2019 et largement plus en 2022, crise Covid oblige.
Cet enchaînement est un cercle vicieux du fait que les dépenses sociales croissantes consenties pour soutenir les chômeurs, les sans-emploi et leur famille, ainsi finalement que toute la population du pays, ont rendu inopérante la main invisible d’Adam Smith : les salaires ainsi que les rigidités du code du travail ne se sont pas trouvés corrigés, la fiscalité a augmenté, et les entreprises ont continué à ne pas être compétitives, d’où la poursuite inexorable de la désindustrialisation du pays par fermetures et délocalisations d’entreprises.
Depuis deux, trois années, c’est par des emprunts que l’on a boosté l’économie, pour les créations d’entreprises notamment de startups, un record. Un autre record européen, les implantations d’entreprises étrangères en France. C’est bien mais au détriment d’un endettement, il est vrai plus positif et porteur de chiffres d’affaires, d’emplois, de consommation, etc…
Dette publique en % du PIB
1980 20,0%
1990 38,0%
2000 60,0%
2010 81,6%
2019 100,1%
06/2022 116,5% soit environ 2990Mds d’euros
Ces déficits constants, cette dette qui s’accentue deviennent un enchainement infernal auquel se trouve condamnée notre économie. Ce cycle a été enclenché il y a une quarantaine d’années sans qu’aucun des gouvernements qui se sont succédés n’ont pu y mettre fin. Il faudrait, pour que le pays retrouve ses équilibres, que la contribution de notre secteur industriel à la formation du PIB soit portée à environ 17 % du PIB : c’est un niveau minimum auquel un pays doit se situer aujourd’hui pour que sa balance commerciale ne soit pas négative. Des pays prospères, comme l’Allemagne ou la Suisse, sont très sensiblement au dessus de la barre des 20 % du PIB, et ils bénéficient de balances commerciales largement excédentaires. Pour rattraper le retard ce serait même plus de 25% de PIB qui serait nécessaire pour pouvoir se désendetter progressivement, comme l’Allemagne l’a fait 6 années avant le Covid en effaçant près de 25% de sa dette. La France pourrait prendre le même chemin, mais avec cette nouvelle assemblée les choses vont se complexifier encore un peu plus. Ce sont nos taux d’emplois et de temps de travail qui sont bien faibles, à relever ; la clé du redressement.
C’est le Commissariat au plan adossé au ministère du travail avec les organisations syndicales qui devraient mettre tout en œuvre pour reconstruire notre économie en passant par l’augmentation rapide des temps d’emploi et d’activité, tout en diminuant au fur et à mesure les aides sociales, qui entravent la diminution des coûts du travail et les embauches.
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