La France est aujourd’hui obligée d’importer la quasi-totalité de ses masques. Mais cela n’a pas toujours été ainsi. Jusqu’en 2018, une usine bretonne en produisait 200 millions par an.
Jusqu’à 4.000 masques à l’heure
Alors que l’épidémie de Covid-19 fait rage, la question de l’équipement en masques de protection revient sur le devant de la scène. La France est aujourd’hui en capacité de produire 15 millions de masques FFP2 par an, quantité qui devrait être prochainement portée à 40 millions, a annoncé Emmanuel Macron. Mais c’est clairement insuffisant : la France a récemment passé commande en Chine pour 2 milliards de masques de ce type, et a l’intention d’en passer d’autres, annonçait Olivier Véran, le ministre de la Santé, dans un entretien au média Brut début avril 2020.
Alors, pourquoi ne pas en produire en France, en sachant qu’il s’agit d’un produit stratégique ? Avant 2018, c’était tout à fait possible : une usine Honeywell située à Plaintel, près de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor), pouvait en produire jusqu’à 200 millions par an. Ses machines pouvaient produire chacune 4.000 masques à l’heure. L’État français était le principal client.
L’usine de Plaintel… délocalisée en Tunisie
Mais tout a changé en 2018. Ayant délocalisé la production en Tunisie, Honeywell a fermé l’usine, qui tournait pourtant depuis une cinquantaine d’années. Un choix qui, on le constate aujourd’hui, s’est avéré fatal.
« La pénurie de matériel de protection sanitaire pour les personnels soignants et la population à laquelle doit faire face notre pays aujourd’hui nous démontre que la sécurité sanitaire ne peut pas reposer uniquement sur les seules lois du marché, ni sur une hypothétique solidarité entre États. Les actes de piraterie constatés il y a quelques jours, sur les tarmacs des aéroports chinois, nous démontrent qu’il y a urgence à relocaliser la production des équipements de protection sanitaires, dans un marché planifié et régulé par les autorités publiques », plaidait fin mars 2020 l’Union syndicale Solidaires des Côtes-d'Armor.
L’État est attendu pour garantir des commandes à long terme
Selon Jean-Jacques Fuan, directeur de ce site industriel de 1991 à 2006, interrogé par Les Echos, une dizaine de millions d'euros d'investissement devraient être nécessaires pour faire repartir la fabrication. D’ailleurs, tous les élus contactés par le syndicat Solidaires ont répondu que pour mener à bien ce projet de réindustrialisation, il leur faudrait obtenir un soutien de l’État. Car, c’est évident, une relance serait justifiée seulement à condition d’avoir des commandes régulières. À cette fin, une pétition a été lancée sur le site MesOpinions.com à destination d’Olivier Véran (Ministre de la Santé) et Emmanuel Macron (président de la République), afin que l’État s’engage sur des commandes à long terme.