Placements financiers : où est passée la rentabilité ?

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Par Jean-Yves Archer Modifié le 19 juin 2012 à 3h12

Pendant des décennies, les gestionnaires de fortune travaillant dans l'atmosphère feutrée des banques privées étayaient les raisonnements qu'ils tenaient à leurs clients par des séries statistiques. Suivant le profil retenu (gestion prudente ou dynamique), les opérateurs fournissaient des conseils relativement avisés.

Sur la place de Paris, le CAC 40 a connu son pic de gloire à 6.168 points le 1er Juin 2007. A ce jour, il oscille autour de 3.000 points... Ce qui veut dire qu'un épargnant de 2007 a vu fondre l'exacte moitié de son patrimoine détenu en actions ! Or, il était établi depuis longtemps une sorte de dogme : celui de la surperformance des actions sur le long terme. Et pourtant, la dégringolade des cours de bourse est très significative et il faudra du temps avant que l'investisseur ne retrouve sa mise de départ.

La crise rebat donc les cartes. Les actions sont aujourd’hui vues avec méfiance et les obligations d'Etat – placement de haute sécurité – sont désormais elles aussi scrutées attentivement. De surcroît, il est probable que le rendement des actions en France soit affecté par des mesures gouvernementales et par un rééquilibrage du partage de la valeur ajoutée entre profits et salaires.

Il se murmure même que des milliards initialement détenus via des titres nationaux (espagnols, français) seraient échangés contre des obligations allemandes, tant les épargnants redoutent l'avenir de la monnaie de détention. Au risque lié à l'évolution de l'actif s’ajoute ainsi le risque supposé de sa place géographique dans la zone euro. Cette sorte de "double peine" n'a pas été rencontrée en Europe depuis l'après-guerre.

Les actions et les obligations étant vues avec circonspection, on assiste au développement de placements de niches à la fiscalité attractive : forêts, œuvres d'art. Parfois, les entreprises innovantes reçoivent l'assentiment des investisseurs à la recherche, sinon du futur Google ou d'Apple, du moins d'une bonne affaire. Enfin, l'immobilier semble demeurer un placement à risque limité suivant les pays : si Londres et Paris se maintiennent, on sait que l'Espagne voit le prix des terrains et celui des logements neufs s'effondrer. Situation contrastée, donc.

Le principe d'une crise économique est d'affecter l'activité (récession et chômage), celui d'une crise monétaire est de renforcer les incertitudes (Euroland) et celui d'une crise financière est de porter atteinte à la rentabilité et au principal des actifs investis. Nous en sommes là et certains se précipitent sur l'or : phénomène de thésaurisation toxique pour une économie, comme l'a montré Lord Keynes dans les années 30...

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Jean-Yves Archer est énarque ( promotion Léonard de Vinci ), économiste et fondateur de Archer 58 Research : société de recherches économiques et sociales. Depuis octobre 2011, il est membre de l’Institut Français des Administrateurs (IFA).